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›› Editorial

Il y a cinquante ans, le rêve d’Henry Kissinger

Sur Weibo, la force du nationalisme anti-américain.

En riposte le long discours de Yang Jieshi fut sans concession. Exprimé sur un ton offusqué, il réagissait à ce qu’il a perçu comme une suffisance américaine. « Les États-Unis n’ont aucune légitimité pour prendre la Chine de haut et lui faire la leçon 美国没资格居高临下同中国说话. »

En Chine, l’expression a tapé dans le mille. Vue par 2,5 millions d’internautes dès le 19 mars, elle est aussitôt devenue le cri de ralliement du nationalisme anti-américain sur les réseaux sociaux.

Sur Weibo on pouvait lire « Un pays sauvage et pervers qui s’est construit en massacrant les aborigènes et en asservissant les noirs 一个靠屠杀原住民立国,奴役黑人发展 » ; ou encore « Une société anti-intellectuelle et inhumaine 反智反人类社会 ayant tué des centaines de milliers de gens ordinaires 死了几十万普通民众 durant l’épidémie 新冠疫情. »

Au cours de son long monologue, Yang a rejeté le concept de «  valeurs universelles  » comme une vision univoque occidentale étrangère à la culture chinoise et appelé l’Amérique à cesser de vouloir exporter son modèle au reste du monde. Par dérision, il a espéré qu’en matière de droits de l’homme les États-Unis feraient des progrès à l’avenir.

Sur les accusations de cyberattaques, ayant en mémoire les écoutes tous azimuts de la NSA dévoilées en 2013, par l’ancien agent de la CIA Snowden, Yang Jiechi n’eut aucun mal à fustiger l’Amérique qu’il a qualifiée de « champion dans ce domaine ».

Quant à Wang Yi qui a semblé surpris par la brutalité américaine - « ce n’est pas une façon de traiter ses invités » -, il a condamné comme d’inacceptables ingérences dans les affaires intérieures chinoises les sanctions infligées par Washington à des particuliers et des structures publiques à propos de Hong Kong et du Xinjiang.

Quelle suite ?

Compte tenu de l’état de la relation tombée au plus bas depuis 40 ans et, en Amérique même, partis et opinion publique confondus, à un niveau de défiance à la Chine alarmant, l’échec d’Anchorage était prévisible.

La Chine espère que l’administration Biden reviendra sur les blocages commerciaux instaurés par D. Trump notamment sur les microprocesseurs, cœur des nouvelles technologies de l’information. Elle souhaite aussi que soient levées les restrictions de visa imposées à des membres du Parti, aux étudiants chinois aux États-Unis, à des entreprises publiques et aux journalistes des médias officiels.

Infligées à la Chine à la suite des accusations de viol de la propriété intellectuelle, de cuber-incursions et du durcissement de l’appareil au Xinjiang et à Hong Kong, elles ont fait entrer la relation dans un schéma très éloigné des espoirs soulevés par le virage stratégique conseillé à Richard Nixon par Henry Kissinger il y a un demi-siècle.

Mais alors que les conversations à huis-clos furent moins heurtées que ceux de la mise en scène publique - selon A. Blinken lui-même, des « échanges intéressants  » auraient eu lieu à propos de l’Iran, de la Corée du nord, de l’Afghanistan et du réchauffement climatique -, la partie chinoise, pressée d’afficher un apaisement, souhaite une vidéo-conférence entre Xi Jinping et Joe Biden sur le sujet neutre du réchauffement climatique.

A l’heure de la rédaction de cette note, la perspective appartenait encore aux spéculations. Elle ne sera acceptée par les deux parties surveillées par leurs opinions publiques, qu’à la condition d’échapper à l’écueil qui la présenterait comme une soumission ou un renoncement.


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