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Note de Contexte.
Sommet des BRICS.

La dernière réunion des BRICS à Johannesburg a montré une dilution de l’élan initial de 2009. Ici Xi Jinping, est entouré de Narendra Modi à sa droite et du Président Sud-africain Cyril Ramaphosa à gauche. A leur gauche Vladimir Poutine et Michel Temer, élu président du Brésil après la destitution de Dilma Roussef.
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Le 10e sommet des BRICS qui réunit la Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil s’est tenu à Johannesburg du 25 au 27 juillet derniers. Tous les commentateurs auront noté la dilution de la dynamique initiale de 2009, voulant créer un élan multipolaire qu’au moins la Russie et la Chine voyaient comme un contrepoids à l’Amérique et tous comme une marge de respiration par rapport aux rigidités de la Banque Mondiale et du FMI.
A l’époque, leur meilleur argument était leur poids économique et démographique (40% de la population mondiale). Toujours présents, ses atouts (les 5 comptent pour 23% du PIB mondial) sont aujourd’hui affaiblis par la somme des non-dits planant au-dessus de leurs relations.
Les 5 parviennent en effet de moins en moins à cacher les rivalités géopolitiques entre Pékin et New-Delhi, les contrastes entre leurs systèmes de gouvernement, leurs économies disparates aux besoins divergents et, par-dessus tout, les déséquilibre causé par le poids de la Chine aujourd’hui d’envergure planétaire aux ambitions géopolitiques globales.
Le bilan de la solidarité des 5 BRICS est mince souligne un article du Monde. S’il est vrai que le commerce entre eux a augmenté de 30% - ce qu’a fait valoir V. Poutine -, aucun des projets et accords évoqués lors des précédents sommets n’a été discuté (accords de libre échange, élargissement - le site Russia Today a évoqué l’adhésion de la Turquie restée sans suite -, création d’une agence notation des BRICS).
Même la Banque des BRICS créée dans la ferveur en 2015 n’a octroyé que 7,5 Mds de $ de prêts. En revanche, (cf plus haut) ce sont les banques chinoises qui sont venues au secours des entreprises sud-africaines en difficulté.
Lire : Les BRICS jettent un pavé dans la mare des finances mondiales.
Enfin, la principale crainte implicite est peut-être que Pékin dont les ambitions globales sont aujourd’hui avérées, se pose à cet effet en parangon du libre-échange alors que ses groupes publics subventionnés, tirant profit de la quête de capitaux des pays en développement opérent souvent en dehors des lois du marché et sont réticents à participer aux appels d’offres.
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Confronté à une brutale offensive de Washington pour rééquilibrer son commerce avec la Chine, Xi Jinping a, dans son discours, habilement joué du thème de la multipolarité et des dangers du protectionnisme posant au monde, a t-il dit, une alternative entre « coopération » et « confrontation » et entre « bénéfices mutuels » et système clientéliste de suzerain à vassal.
Dans la foulée, il a réitéré ses mises en garde sur les dangers pour tous d’une guerre commerciale.
Dans la dernière partie de son discours, il n’a pas manqué de faire la promotion des réformes en cours en Chine et des « Nouvelles routes de la soie » devenue l’emblème de la politique étrangère de Pékin.
Promettant une meilleure ouverture aux investissements étrangers, à l’aune « des standards internationaux », plus « transparente, conforme au droit et au marché, combattant les monopoles, respectant la propriété intellectuelle », il a annoncé la tenue à Shanghai, en novembre prochain, après le sommet Chine - Afrique en septembre, de la première Exposition internationale Import – Export, dont il a dit qu’elle serait une « plateforme d’accès au marché chinois pour le monde ».
Il reste que par ces annonces, répertoires en miroir des manquements chinois à l’ouverture et au respect du droit des affaires, à quoi s’ajoute la captation de technologies, le président chinois donne corps aux critiques de Washington et Bruxelles.
Quant à la « Belt and Road Initiative », (BRI) comme l’appellent les anglo-saxons, il a répété le discours de générosité qui, selon la propagande du Parti, en fait un projet « appartenant au monde ».
Il n’empêche qu’à Johannesburg, contredisant la solidarité entre les 5 membres des BRICS, ce qui a surtout dominé, dit un article du journal Le Monde, ce sont les rencontres bilatérales.
Au total, la longue déclaration finale en 101 points détaillant méthodiquement et de manière exhaustive les grands défis du monde, depuis les conflits ouverts jusqu’à la guerre commerciale en passant par la nécessaire promotion de la démocratie dont on voit bien qu’elle ne sonne pas juste, diffuse le sentiment que l’élan initial est en train de s’étioler et que le groupe n’a qu’une prise limitiée sur les grandes contradictions et antagonismes de la marche du monde.