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L’Iran et la dissuasion nucléaire

L’Europe en effet ne peut pas se laisser entraîner dans cette voie.

Dix-huit scientifiques américains de plusieurs prestigieuses universités viennent de signer une lettre demandant à la Maison Blanche de s’abstenir d’une frappe nucléaire tactique contre l’Iran. Les arguments utilisés dans cette lettre sont ceux qui devraient également nous interdire de jamais considérer sérieusement une telle dérive - dite tactique - de notre concept :

La lettre dit en substance :

 Il s’agit d’une évolution majeure et dangereuse du concept nucléaire militaire,

 Menacer un autre pays d’une frappe nucléaire tactique envoie un signal négatif aux 182 signataires du TNP, qui pourraient être tentés envisager de quitter le traité puisque celui-ci n’offre aucune garantie de non-agression par un état nucléaire,

 Il n’existe pas de séparation nette entre le nucléaire tactique et les armes plus puissantes... Une frappe nucléaire américaine augmenterait les risques d’utilisation de l’atome par d’autres,

 Dans un monde sans tabou nucléaire, les probabilités de dérapage des conflits locaux vers un conflit nucléaire et la destruction de notre civilisation augmenteront.

La conclusion souligne que les Etats-Unis, plus grande puissance de la planète, se montrent gravement irresponsables d’envisager sincèrement un mode d’action qui pourrait conduire à des destructions à grande échelle de la vie sur terre.

Cette dérive du concept, que nous avons nous-mêmes ébauchée, est hautement dangereuse pour nous-mêmes et pour les générations futures.

Au lieu d’emboîter le pas aux Etats-Unis, la France et l’Europe feraient bien mieux de peser pour plus de compréhension et plus de dialogue, en gardant en mémoire que les crispations actuelles n’ont pas toutes une origine univoque (voir plus haut).

Le rejet assez méprisant de la lettre iranienne par Washington marque un tournant dangereux, même si le texte de la missive, qui affirme présenter la version iranienne de la situation, est un long réquisitoire contre Washington, sous-tendu par une pesante rhétorique religieuse (mais peut-on attendre autre chose d’un Etat qui se reconnaît lui-même comme théocratique).

Dans un contexte, où il est irréaliste de croire qu’on pourra interdire à l’Iran d’accéder à la filière nucleaire civile à laquelle il a droit, le but à atteindre devrait être que Téhéran puisse être autorisé à développer la filière nucléaire civile de manière limitée (enrichissement limité de l’uranium) et sous contrôle de l’AEIA.

Pour cela il faut, bien sûr, que l’Iran accepte d’abord de geler toutes les activités d’enrichissement, stoppe la production et les tests de ses centrifugeuses à placer sous le contrôle de l’AEIA, autorise les inspections, confirme la ratification du « protocole additionnel » (définissant les modalités des contrôles par l’AEIA), ferme ses réacteurs à eau lourde et mette fin à ses activités de séparation du plutonium.

Tout indique qu’on n’y arrivera pas par la menace et encore moins par des sanctions, tandis que l’option militaire serait la porte ouverte à toutes les catastrophes. C’est de cela qu’il faut persuader Washington, et à quoi l’Europe devrait s’employer. Ce serait évidemment plus facile si le Vieux Continent s’était donné les moyens d’un réelle influence stratégique.


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