›› Editorial
A ces tensions économiques s’ajoutent les remous politiques sous jacents nourris par les ratés de la question tibétaine (Zhang Boshu, un chercheur de l’Académie des sciences sociales - le plus puissant think tank du régime -, a fait circuler un pamphlet accessible sur Internet dénonçant vertement les erreurs du Parti dans la gestion de la crise). Enfin, le régime est aujourd’hui confronté à un risque politique majeur alimenté par la rancœur des parents désespérés qui accusent les fonctionnaires corrompus d’avoir laissé construire des écoles au rabais, dont les décombres de béton frelaté ont enseveli leurs enfants.
Après les efforts de transparence pour rendre compte du séisme et de ses conséquences immédiates, les médias sont à nouveau sous contrôle. La question des écoles est devenue taboue et les policiers s’appliquent à éloigner les journalistes et les caméras des réunions de parents organisées autour des autels de fortune érigés sur les gravats, en dépit de l’interdiction officielle. Le potentiel d’explosion de cette situation est pris au sérieux par le Parti qui a mis en place des cellules au sein des camps de réfugiés.
Tous ces thèmes - secours aux sinistrés et aux déplacés du Sichuan, reconstruction, restructuration et relance de l’économie, contrôle de l’inflation et des risques financiers, lutte contre la corruption, stabilité sociale et politique -, ont été abordés le 13 juin lors d’une réunion extraordinaire du Bureau Politique et des gouverneurs de province, dans une ambiance de crise destinée, selon les termes même employés par le président Hu Jintao, à « faire face à une série extraordinaire de nouveaux et très sévères défis ». L’accent a été mis en particulier sur la corruption des cadres dont la persistance nourrit des rancoeurs toujours plus acerbes contre le régime.