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Un dialogue difficile, mais nécessaire.
Alors que Pyongyang considère que l’arme nucléaire et le chantage qu’elle permet sont la clé de sa survie, la force des rivalités Washington – Pékin en Asie font que la Chine s’accroche à l’espoir fragile d’une évolution possible du régime, improbable solution vers la dénucléarisation de la péninsule, parce qu’au fond, elle considère qu’un échec de la Corée du nord signifierait une victoire américaine dans l’actuelle compétition d’influence avec les Etats-Unis.
Ce schéma de pensée se nourrit aussi des contraintes nationalistes qui, à l’intérieur, et face à l’opinion publique chinoise, rendent difficile le renoncement à l’alliance avec Pyongyang. Cette dernière plonge en effet ses racines dans le conflit coréen, seul épisode de l’histoire où les volontaires chinois avaient directement combattu les GI, dans un contexte où le symbole de la résistance aux pressions occidentales, dont la Corée du Nord est le porte drapeau, reste encore un des points clés de la politique étrangère chinoise. A quoi il faut ajouter les inquiétudes du Régime chinois pour lui-même, confronté aux inconnues d’un bouleversement politique à Pyongyang.
Dès lors on peut s’interroger sur l’utilité d’un « dialogue à 6 », dont tous les acteurs réclament la reprise, avec cependant des arrières pensées qui laissent mal augurer de leur succès. Dans un récent article, mis en ligne sur le site Project Syndicate, Christopher Hill, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Séoul et chef de la délégation américaine pour le « Dialogue à 6 » considère ces contradictions avec réalisme. Selon lui, la coopération entre Pékin et Washington reste en dépit des contradictions, le passage obligé d’un apaisement de la situation sur la Péninsule.
Plus encore, il estime que le Etats-Unis devraient, non seulement partager les aides humanitaires qu’ils offrent à Pyongyang avec celles de Séoul et Pékin, mais encore tout tenter pour faire comprendre à la Chine qu’une évolution de la situation de la péninsule ne heurterait pas ses intérêts stratégiques. Enfin, sans remettre en cause son alliance avec Séoul, Washington devrait assurer Pékin qu’en cas d’accident interne en Corée du Nord, aucun militaire américain ne franchirait le 38e parallèle.
Sur l’intérêt de la reprise « du dialogue à 6 », il explique avec réalisme qu’il « sera difficile et tendu, mais pas plus qu’un effondrement de la Corée du nord qui n’aurait pas été préparé par de sérieux échanges de vues sur la question. Tôt ou tard il sera nécessaire de reprendre les négociations. Compte tenu des incertitudes qui entourent la situation, le décès de Kim Jong Il pourrait être le moment le plus propice ».