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›› Politique intérieure

La réaction protéiforme de la Chine aux révoltes du Monde Arabe

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La synthèse proposée dans ce paragraphe a été réalisée à partir des compilations extraites du site sur la Chine de la fondation Carter, en liaison avec l’Université du Peuple de Pékin.

Les réactions très critiques du système chinois furent nombreuses. Beaucoup sont restées anonymes. Mais certaines, comme celle du militant Ai Wei Wei, artiste contestataire étroitement surveillé par le Parti, se sont ouvertement affichées : « il a suffi de 18 jours pour mettre à bas un régime militaire au pouvoir depuis 30 ans ; il est probable qu’il faudra plusieurs mois pour renverser le gouvernement chinois au pouvoir depuis 60 ans ».

Si on limite la synthèse aux politologues, journalistes et chercheurs connus, on peut diviser les réactions en deux groupes : celles qui extrapolant à la Chine les événements de Tunisie ou d’Egypte, prônent des réformes rapides, et celles qui, reconnaissant les réalisations du Parti, estiment que la voie démocratique ne conviendrait pas.

Pour Zhang Wen, journaliste et ardent défenseur de la démocratie, les blocages actuels du pouvoir chinois ne proviennent pas, comme le disent les dirigeants, de l’impréparation du peuple qui serait inapte à la démocratie, mais du Parti lui-même, qui refuse de prendre le risque d’avoir à céder le pouvoir.

A cet égard, rappelant que les élections directes existent au niveau des villages, il développe un intéressant argument qui contredit celui de « l’impréparation des masses » souvent avancée en haut lieu : « Comment se fait-il, explique Zhang Wen, que le peuple, soit disant arriéré des villages, soit le seul en Chine à mettre en œuvre la démocratie, alors que les citadins évolués n’y ont pas droit ».

Il conclut : « Après les villages, le temps des élections directes est venu pour tous les niveaux administratifs de la Chine. Le Parti a le choix : soit il accepte la montée d’un parti d’opposition comme le Guomindang, soit il s’achemine vers une situation à la tunisienne, avec un Président, forcé d’abandonner le pouvoir ».

Dans la même ligne, Mao Yushi, économiste, affirme l’universalité des droits de l’homme et met en garde le gouvernement contre l’inertie politique : « le mépris que le gouvernement témoigne aux droits de l’homme n’est pas tenable ».

He Wenping, chercheur à l’Académie des Sciences Sociales, fait une allusion transparente à la situation chinoise en citant Samuel Huntington. Dans son livre « Ordre politique dans les sociétés changeantes », ce dernier explique que les désordres sociaux se développent quand les réformes politiques sont trop lentes pour faire face aux exigences des nouveaux groupes sociaux.

En Tunisie, ajoute un autre bloggeur, la constitution a été manipulée pour perpétuer le règne de Ben Ali, tandis que le développement économique n’a pas bénéficié à la majorité du peuple. Et, revenant à la réalité chinoise, « il est clair que la stabilité politique ne peut pas être maintenue indéfiniment par la force ».

Quelques uns sont plus critiques des mouvements démocratiques. Liu Xuewei, chercheur en sciences politiques basé en France, stigmatise la précipitation du monde arabe et préfère la vision plus pragmatique des dirigeants chinois. Selon lui, la marche vers la démocratisation viendra en Chine quand la société y sera prête. Vouloir la précipiter comporte un risque. « Mieux vaut le compromis que la révolution et le chaos dans les rues ».

D’autres soulignent que la Chine a déjà emprunté la voie de la démocratie. « Récemment le Parti a amélioré le niveau de vie et encouragé la participation de la société aux affaires ». Ils rappellent aussi que dans un pays immense à la population pléthorique, les changements sont plus difficiles à mettre en œuvre.

Quelques uns enfin dénoncent l’hypocrisie de l’Occident pour qui « l’Egypte et la Tunisie ne sont que des pions sur un échiquier ». « La fable de régimes démocratiques a été entretenue, mais l’objectif était de faire pièce à la montée de l’Islamisme (...). Aujourd’hui quelles sont les intentions cachées ? La démocratisation vise t-elle le bonheur des peuples, ou est-elle une nouvelle stratégie occidentale ? ».


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