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›› Politique intérieure

Le défi d’outre-tombe de Zhao Ziyang menace-t-il le Parti ?

Enfin les sondages et études conduites par l’Académie des Sciences Sociales qui rendent compte régulièrement de l’état de la société montrent que, pour l’instant, le taux de mécontentement reste plutôt faible. Ajoutons enfin que la Chine a radicalement changé depuis 1989. Sortie de son isolement diplomatique, elle est devenue la troisième économie mondiale, a organisé des Jeux olympiques qui furent un succès fracassant et expérimenté la première sortie dans l’espace d’un astronaute, tandis que la plupart des Chinois sont plus riches et plus libres qu’il y a 20 ans.

Mais, à côté des objectifs de pédagogie et de cohésion, ce qui frappe dans ces vastes campagnes d’étude, c’est la méthode. Systématique, minutieuse, répétitive, allant au plus loin, jusque vers les endroits les plus reculés de Chine, relayée par une armée de cadres rompus à la propagande et à la démarche en trois points mise au point par l’Ecole Centrale du Parti : 1) étude et investigation, destinées à collecter les données, phase qui renvoie à l’injonction de Deng « rechercher la vérité à partir de la réalité des faits ». Il s’agit, entre autres, de lutter contre les habitudes de manipulation des chiffres et des statistiques ; 2) Inspection et analyse, qui comprennent des séances dites de « démocratie directe », cependant plus proches des réunions d’autocritique, consistant pour les cadres à rendre compte publiquement de leurs manquements -une manière comme une autre d’obliger les cadres locaux à plus de rigueur et à lutter contre la corruption- ; 3) rectification, amélioration et mise en œuvre, ayant pour but de « résoudre les problèmes les plus graves » et de « perfectionner les structures et les mécanismes de l’administration », - entendez par là tuer dans l’œuf les crises potentielles et alléger les tendances kafkaïennes du système -.

Personne ne jurerait que ces campagnes éloigneront la quête récurrente de démocratie chez les intellectuels qui s’expriment de plus en plus souvent sur le sujet en Chine. Mais force est de reconnaître que le pouvoir ne ménage pas ses efforts pour resserrer les rangs autour de lui et tenir sous le boisseau la mauvaise humeur de la société chinoise. Enfin, quand on analyse les perspectives de stabilité du pays et la cohésion du PCC, il convient d’ajouter à cet endoctrinement pédagogique à grand échelle des cadres du parti, qui sont au demeurant les premiers bénéficiaires du statu quo politique, les efforts déployés par l’appareil sécuritaire, également chapeauté par Xi Jinping, cette fois secondé par Zhou Yongkang dont l’organisation tentaculaire enserre la société dans un filet très dense de policiers en civil et d’auxiliaires de sécurité.

Dès lors, on comprendra pourquoi Bao Tong ne croit pas que la cohésion du Parti sera menacée par les « mémoires posthumes » de Zhao Ziyang. On pourrait ajouter qu’ayant purgé 7 ans de prison pour « divulgation de secrets d’Etat et propagande révolutionnaire », il sait de quoi il parle. Il reste que les messages critiques d’ouverture de Hu Yaobang et de Zhao Ziyang ne meurent pas.

En évoquant le drame de Tian’anmen, ils pointent aussi du doigt l’avenir du système politique chinois, qu’ils désignent aux nouvelles générations. C’est d’ailleurs Bao Pu, le fils de Bao Tong qui a traduit et édité les mémoires de l’ancien patron de son père qui, selon Roderick Mac Farquhar, sinologue bien connu et professeur à Harvard, a été le véritable artisan de l’ouverture économique de la Chine. Et s’il est vrai que le virage à 180° de l’idéologie marxiste vers le marché fut très largement une réussite, dont le Parti tire aujourd’hui une part importante de sa crédibilité, il est aussi vrai que les conséquences sociopolitiques d’un grave recul économique, touchant aussi les classes moyennes et les cadres du Parti, constitueraient peut-être une menace plus directe que les critiques posthumes de Zhao Ziyang.


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