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Le hérisson chinois

La Chine a donc pris ce virage beaucoup plus vite que prévu, en raison d’une croissance rapide et aussi d’une politique efficace pour développer les industries de métropoles régionales qui retiennent désormais la main-d’œuvre locale.

La Chine n’est plus un pays émergent, c’est une grande puissance économique émergée, qui monte en gamme : adieu textile et chaussures des années 1990 et 2000, salut à l’automobile et aux autres biens de consommation durables des années 2010 et 2020, bon vent aux biens d’équipements qui seront les industries de la décennie 2030.

2030 ! C’est demain pour des Chinois qui ont la patience des héritiers d’une si longue histoire. Laissant de côté la question cruciale de la stabilité politique, la croissance chinoise peut-elle être soutenable jusque-là ? Y aura-t-il suffisamment d’énergie pour alimenter cette formidable chaudière ?

Le potentiel d’économies d’énergie est immense en Chine, si on la compare à son voisin japonais dont l’efficacité en la matière est sans commune mesure. Mais on ne peut imaginer vingt ans de croissance sans une certaine augmentation de la consommation de kilowattheures.

Sur les énergies renouvelables, la Chine met le paquet et dominera le monde en compagnie ou en rivalité avec l’Allemagne. La contribution du nucléaire sera de toute façon marginale, tant les besoins d’énergie sont immenses. Et les autorités se méfieront peut-être de protestations locales (la Mongolie intérieure vient de s’insurger à cause d’usines polluantes de terres rares).

Reste l’inconnue du charbon, dont ni la Chine ni de nombreux autres pays ne pourront se passer dans les décennies à venir. J’imagine une course de vitesse entre la Chine et l’Allemagne pour maîtriser la technologie d’enfouissement du gaz carbonique dans le sol de notre planète. On a sorti du gaz méthane de Lacq près de Pau. Pourquoi ne pas le remplacer par du brave CO2 ?

Je parle de Lacq en France. Il y a, hélas, peu de chance que la France soit en pointe dans les recherches sur les économies l’énergie, sur les énergies renouvelables, sur l’enfouissement du gaz carbonique, tant le pari monomaniaque sur le nucléaire du gouvernement actuel, de l’establishment EDF et de tant de notables politiques obère toute diversification.

Je fais partie du Conseil d’administration de l’École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle de Paris (ESPCI) qui produit, outre des prix Nobel, des étudiants audacieux ignorant les frontières entre les disciplines, entre la théorie et l’expérimentation. Nous avons le potentiel scientifique et industriel de rivaliser avec la Chine sur les nouvelles énergies. Ayons-en la volonté politique !


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