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Le sens caché du procès édulcoré de Bo Xilai

BRÈVES (2)

Plongée technique dans la censure.

Gary King professeur à Harvard a, avec 2 de ses élèves, eut l’idée de créer un faux réseau social qui n’a cependant jamais été mis en ligne, mais lui a permis de recueillir des renseignements de première main sur le fonctionnement technique de la censure politique. Le rapport récemment publié montre la variété des outils utilisés par les censeurs attachés aux médias chinois placés sous la surveillance du pouvoir.

Grâce à des logiciels fournis par une compagnie chinoise que King ne nomme pas, les médias en ligne sont en mesure de contrôler tous les messages internet ou des réseaux sociaux et de les éliminer en détectant très rapidement des mots clés répertoriés comme sensibles.

Mais l’expérience a également démontré que l’efficacité ne pouvait uniquement reposer sur un dispositif technique. Il fallait l’appuyer par des équipes de censeurs à gros effectifs. Ainsi il est couramment admis que 2 ou 3 censeurs sont nécessaires pour contrôler les messages de 50 000 usagers. Ainsi un média populaire comme Sina Weibo (50 millions d’usagers) emploie entre 2000 et 3000 censeurs.

King a aussi découvert que, sans se mêler de technique, le gouvernement stimule et accompagne la compétition entre les sociétés de logiciels de censure pour « soutenir l’innovation », ce qui lui permet de garder la main sur les meilleures technologies qui, aujourd’hui, sont capables de supprimer un message sensible en quelques minutes. Toutefois l’étude a aussi montré les limites du système des mots clés sensibles. Par exemple les messages qui contiennent le mot « corruption » passent systématiquement à la trappe, même quand il s’agit de communications du gouvernement évoquant sa « politique anti-corruption ».

L’étude confirme aussi que sont ciblés en priorité les messages pouvant stimuler des protestations collectives – comme par exemple ceux liés aux immolations par le feu des Tibétains -.

Blogs et commentateurs célèbres ciblés par le pouvoir.

Récemment un certain nombre de commentateurs critiques très actifs sur les réseaux sociaux ont été harcelés par le pouvoir. C’est le cas du sino-américain Xue Manzi (Charles Xue), philanthrope et financier, formé à l’Université de Pékin et à Berkeley, ayant fait fortune dans l’immobilier au Etats-Unis puis dans les investissements à risques dans le secteur des télécoms en Chine. En 2007 il était revenu s’installer en Chine avec son épouse.

Son réseau social où il fustige souvent la corruption des fonctionnaires et les trafics d’enfants compte 12 millions d’usagers. Le 23 août il a été placé en détention pour avoir sollicité les services d’une prostituée dans un hôtel de Pékin. Un de ses anciens employés, Qin Zhihui (Qin Huohuo sur les réseaux des médias sociaux), et Liu Hu journaliste au Canton News Express ont également été arrêté pour avoir diffusé de « fausses rumeurs. ».

A la mi-juillet était également placé en détention Xu Zhiyong, fondateur du mouvement des « nouveaux citoyens », enseignant le Droit à l’Université des postes et télécommunications. Élu en 2003 sans étiquette dans le district de Haidian à Pékin. Fréquemment harcelé par le pouvoir, Xu est avocat, promoteur infatigable de l’indépendance de la justice et des droits civiques.

Simultanément à l’arrestation de Charles Xue, la presse officielle lançait une campagne condamnant les commentateurs et les blogs. Le Quotidien du Peuple fustigeait les « célébrités qui se faisaient les porte-voix des rumeurs et appelaient au sens de la responsabilité sociale et au respect de l’intérêt national » ; le Global Times renchérissait : « ceux qui critiquent sans cesse le gouvernement devraient d’abord veiller à leur propre moralité ». Le journal « Clarté » parlait d’un coup de semonce adressé aux « hypocrites du net » et conseillait aux internautes de « ne pas suivre aveuglément les modes. »

Dans le concert des critiques officielles seul le Quotidien de Pékin rappelle les contributions philanthropiques de Charles Xue pour alerter l’opinion sur les trafics d’enfants et collecter des fonds pour soigner les nécessiteux.


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