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Le temps des crises

2. Chine-Japon

S’il est un événement extérieur dont les conséquences agiront à la fois, au moins temporairement, sur les relations stratégiques en Asie du Nord-est et peut-être plus durablement sur la situation en Chine, c’est bien la catastrophe nucléaire au Japon, résultat du séisme et du tsunami du 11 mars dernier. Le premier effet du drame aura en effet été un apaisement des relations sino-japonaises, dont les tensions n’avaient pas cessé depuis l’automne dernier.

Ces derniers venaient de monter d’un cran à propos de la mise en exploitation par la Chine du gisement de gaz de Chunxiao (Mer de Chine Orientale), en dépit de l’accord signé entre les deux pays en juin 2008. L’arrière plan des crispations était aussi marqué par plusieurs incidents entre des bâtiments de guerre japonais et des aéronefs militaires chinois, ou même entre un chasseur F8 chinois et un F15 japonais au-dessus de l’archipel contesté des Senkaku (Diaoyutai).

C’est dans ce contexte difficile que le ministère de la défense japonais publiait les nouvelles directives de défense pour les 5 années à venir. L’essentiel de ces réajustements consistait à se mettre en mesure de mieux défendre les intérêts de Tokyo en Mer de Chine de l’Est face à la marine chinoise, en renforçant la flotte sous-marine et en transférant un escadron de F15 à Okinawa, accompagné d’une base radar construite sur les îles Yaeyama toutes proches. Ces repositionnements s’accompagnaient de contacts avec les armées sud-coréenne et australienne, que Pékin interprétait comme la constitution d’alliances antichinoises patronnées par Washington.

Mais dès le lendemain du séisme, les journaux chinois habituellement critiques du Japon publiaient des articles rappelant les secours envoyés par Tokyo lors du tremblement de terre très meurtrier du Sichuan en 2008 : « la volonté de s’entraider est naturelle entre les deux civilisations voisines de l’Orient ». Le 14 mars, le Président Hu Jintao présentait officiellement ses condoléances à l’Empereur, après que le Premier Ministre et le Ministre de la Défense aient par téléphone proposé un appui matériel et l’envoi d’une équipe de sauvetage.

Du coup, la visite à Tokyo du Ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi, prévue les 19 et 20 mars pour un sommet à trois avec la Corée du Sud sur la question nord-coréenne et celle de Wen Jiabao en mai prochain pour la relance du dialogue à six, s’annonçaient sous de meilleurs auspices.

Mais en Chine même, la catastrophe nucléaire induit des questionnements sur le rythme de construction des centrales et leur sûreté. Dès le 14 mars, Liu Tienan, vice-directeur de la Commission Nationale pour la Réforme et le Développement (CNRD), également Directeur du Bureau National de l’Energie « invitait les responsables à tirer les leçons de l’accident nucléaire du Japon pour garantir la sûreté du programme nucléaire dans un esprit de responsabilité à l’égard du Parti et du Peuple ».

Le 16 mars, l’agence Xinhua démentait les rumeurs de contamination et faisait état du résultat négatif des contrôles radiologiques le long des côtes Est de la Chine depuis le Fujian jusqu’aux rivages du Liaoning et du Heilongjiang, tandis que les appels au calme étaient diffusés à la population locale, assortis de conseils pour se protéger des radiations. Il n’en fallait cependant pas plus pour que les pouvoirs publics soient aussitôt obligés de désamorcer une psychose qui poussait la population à faire des réserves de sel de mer recherché pour ses vertus iodées capables de retarder l’irradiation de l’organisme.

Le 17 mars, on apprenait que le Conseil des Affaires d’Etat avait ordonné la révision des projets nucléaires qui, dans le cadre du 12e Plan, prévoient la construction de 25 centrales d’ici 2015. Selon la déclaration, on allait renforcer les procédures d’approbation, réviser les plans à moyen et long termes et accélérer la mise au point d’un plan national de sécurité nucléaire.

D’ici là, les 13 centrales en service seraient systématiquement inspectées et les projets en cours mis en attente. Ceux qui ne se conformeraient pas aux critères de sûreté les plus récents seraient immédiatement arrêtés. Enfin, à l’avenir les réacteurs devraient être construits hors des zones sismiques, à plus de 5 km des centres urbains de 10 000 habitants et à plus de 10 km de ceux de 100 000 habitants.

A Pékin, des rumeurs laissent entendre que ces révisions entraîneront la remise en cause de contrats antérieurs passés avec certaines filières - dont la Russe et l’Américaine - jugées moins sûres. Mais d’autres sons de cloche laissent présager de sévères luttes d’influence.

En effet, si certains au Conseil des Affaires d’Etat dans la mouvance du Premier Ministre, ont déjà affirmé que le calendrier nucléaire chinois pourrait être ralenti, d’autres comme Xie Zhenhua vice-président de la CNRD et Zhang Lijun, vice-ministre de l’environnement sont en revanche de l’avis que la révision du programme nucléaire ne serait pas nécessaire.


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