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›› Chronique

Les deux faces de la Chine (1re partie)

Yan’an

La ville mythique construite en Y, au confluent de deux fleuves asséchés, bastion du « pouvoir rouge » pendant des années, est devenue un résumé des problèmes de la société chinoise. Les anciennes demeures troglodytes sont toujours là, cachées par des barres de HLM, dans une ville sans âme, peuplée des migrants de toute la province, attirés par la renommée du site.

Ce qui frappe le plus dans cet ancien repaire révolutionnaire, c’est la taille des gens. Les fortes carences alimentaires des 50 dernières années en ont fait une tribu de pygmées. Déambulant dans la ville, nous avons l’impression de traverser un jardin d’enfants.

Mis a part les lieux de résidences de Mao, Zhu De, Zhou En Lai, Liu Shao Qi, tout le reste a été détruit. Les murailles que nous avions connues sont maintenant des voies de communication. Seuls restent les sanctuaires révolutionnaires, bien entretenus, avec des guides en uniformes, ressemblant à des majorettes, équipées d’un porte-voix.

Les bâtiments les plus impressionnants sont ceux de l’école du parti, ou défile régulièrement le gratin des cadres pour des séances de recadrage politique, à mi-chemin entre les anciennes séances d’autocritique et le lavage de cerveau de la propagande. L’ensemble architectural dédié à l’enseignement des canons politiques du régime se trouve à une portée d’arquebuse des lieux dédiés aux plaisirs des cadres en goguette. L’esprit révolutionnaire a disparu au bénéfice de la consommation, de la misère et de la spéculation affairiste. La vieille garde révolutionnaire, dont l’esprit hante encore ces lieux doit se retourner dans sa tombe.

Dans les rues bruyantes s’entassent tous les miséreux de la province qui voisinent avec les éclopés du charbon. Les deux rivières sont asséchées et leurs berges envahies par les ordures. L’eau ne fait plus son travail d’érosion et de transport des limons. C’est le vent qui l’a remplacée et qui dessèche tout. Mis à part le culte révolutionnaire et celui de la consommation, nous nous demandons sur quelles bases économiques fonctionne cette ville. La nomenklatura s’est approprié les mannes du charbon et du pétrole, l’agriculture, sinistrée par le manque d’eau, végète, et la plupart des produits de base sont importés d’autres provinces.

Yan’an, assoupie dans son passé révolutionnaire, se développe de manière chaotique, sans plan d’urbanisme. Balayée par la poussière, elle s’asphyxie doucement sous le poids des migrants, faute d’un véritable projet qui permettrait d’intégrer ces déracinés qui fuient la misère de leur campagne. La municipalité ne semble intéressée que par la mise en valeur des musées révolutionnaires, séparés par de larges avenues, où se croisent les voitures de luxe des cadres locaux ou de leurs amis venus de la côte.
avec B. De Lalande. (à suivre)


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