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›› Chronique

Les deux faces de la Chine (1re partie)

Liuliang - Suide - Yan’an, 450 km

Devant le désastre écologique de la région, nous décidons de continuer notre
route vers Yan’An, le bastion révolutionnaire de la chine. Avant de nous tremper dans l’histoire de la chine de la Longue Marche, nous retrouvons avec une certaine inquiétude la « coal road ».

Imaginez 42 km de bouchons sur deux voies : cela fait, au bas mot, 6000 camions bloqués, avec 140 000 tonnes de charbon dans les bennes, et 18000 chauffeurs attendant patiemment dans leurs cabines. Une rencontre fortuite avec un de ces camionneurs nous en apprend un peu plus sur ce monde. Ils sont trois par camion, roulent 24 heures sur 24, entre le Shaanxi (capitale Xi’an), et la cote est de chine.

Pourquoi venir du lointain Shaanxi, alors que le Shanxi est également très riche en charbon ?

« Les centrales thermiques préfèrent notre charbon qui contient moins de souffre que celui du Shanxi. Nous gagnons 2100 yuans par mois (240 euros), et avons droit à deux demi-journées de repos toutes les quatre semaines. Je ne vois ma famille que deux fois par an. Les contrôles de police sont permanents et les attentes interminables, ponctuées de tentatives de corruption, souvent réussies, pour passer des barrages. En nous arrêtant dans des routiers, nous échangeons des informations, de l’alcool, des filles, et - NDLR de la drogue peut-être ! - »

La population nomade qui vit à bord de ces chenilles mécaniques, au service du développement de la Chine, observe au jour le jour les changements rapides du pays et les écarts entre les sites de chargement, et ceux des livraisons. La vie de ces routiers du charbon aux yeux rouges de fatigue, n’est pas vraiment misérable ; mais elle dominée par une immense lassitude et le besoin permanent de sommeil, avec au fond du cœur l’angoisse permanente de l’accident.

Les paysages sont dévastés par l’industrialisation, les centrales thermiques, les mines, les autoroutes, les voies de chemin de fer. La population vit dans des fumées persistantes, les agressions continuelles du bruit, dans un tissu social éclaté, sans réelles perspectives. Le chemin sera long pour reconstruire cet environnement oublié, et redonner aux personnes l’espoir d’un avenir meilleur. Au milieu de ce cloaque, des Mercédès, des Porsche Cayenne, des Toyota.

Ce sont les montures modernes des nantis du pouvoir qui ne semblent venir dans ces régions ingrates que pour contrôler la situation de leurs affaires, s’assurer que les intérêts de leurs chefs sont préservés et toucher les dividendes des trafics. Il est indéniable que la construction des routes et voies ferrées est à mettre au crédit du gouvernement. Nous nous demandons cependant si le véritable objectif était de désenclaver ces régions ou de mieux exploiter une masse humaine, abrutie par des conditions de travail et de vie qui rappellent celles du XIXe siècle en Europe.


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