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Performances, vulnérabilités, impasses et risques de sécurité. Tensions sur le marché des microprocesseurs

Le 18 janvier dernier, le Global Times dressait un bilan laudatif de la situation économique en publiant sur plusieurs pages les chiffres de la croissance 2020 et de la reprise, en même temps que les secteurs où le pays affichait des records mondiaux.

En 2020, pour la première fois le PNB avait atteint 100 000 Mds de Yuan (15 335 Mds de $), plaçant la production nationale du pays à 17% de la production globale, contre 16,3% en 2019.

Mais la hausse de 6,9% par rapport aux chiffres connus de 2019 (14,342,903 Mds de $), n’était pas tout à fait cohérente avec les informations indiquant en même temps une croissance moyenne en 2020 de seulement 2% tenant compte de la récession de moins 6,8% au premier trimestre.

Toujours selon le Global Times, la Chine était n°1 pour la densité de ses maillage 5G avec 580 000 relais, la longueur de ses réseaux TGV (38 000 km) et d’autoroutes (155 000 km) et en tête des producteurs mondiaux de céréales avec 669 millions de tonnes. A la faveur de la contraction des échanges en Europe et aux États-Unis, elle était aussi devenue le n°1 du commerce mondial avec 32000 Mds de Yuan soit 4900 Mds de $ devant les États-Unis et l’UE.

*

Abandonnant le style louangeur, la dernière partie de l’article faisait état des défis à venir, parmi lesquels la fragilité de la reprise des PME, la récession de 16% du secteur de la restauration, la baisse de la consommation intérieure de près de 4%, le freinage des importations et l’inquiétude causée par la résurgence du virus dans certains parties du pays.

Par dessus tout, planait toujours l’ombre de la guerre commerciale avec les États-Unis et son principal dommage collatéral, la rupture des chaînes d’approvisionnement global.

La conclusion tablait certes sur une croissance de +9,2% en 2021, mais, évoquant sans élaborer le secteur des hautes technologies, au cœur des projets d’innovation du pays, l’article passait sous silence la forte dépendance de l’industrie aux importations des semi-conducteurs taïwanais.

Cette réalité renvoie en filigrane au défi de la quête d’autonomie. Fréquemment rappelée par l’appareil, elle tarde à se concrétiser.

Lire à ce sujet :
- Est-ce le réveil des microprocesseurs chinois ?
- Huawei sévèrement touché, mais pas coulé. La guerre sera longue et difficile.
- La guerre mondiale des semi-conducteurs.

Forte dépendance aux « puces » importées de Taïwan.

En dépit des affichages, la dépendance du secteur se lit dans la hausse des importations dont le volume a explosé.

La tendance s’est confirmée malgré la conviction exprimée même par les scientifiques américains du secteur que l’ampleur de la menace chinoise était telle qu’il était nécessaire de fermer les canaux possibles de transfert de technologies. Lire : Avis de rupture du monde de la high-tech.

Le SCMP du 13 avril évaluait que durant les quatre premiers mois de 2021, la Chine avait importé la valeur de 93, 6 Mds de $ de microprocesseurs, en hausse de plus de 33% par rapport à la même période de l’année 2020.

La boulimie d’importation de puces contournant les restrictions est en partie due à la constitution de stocks en prévision de pénuries à venir, dont les premiers effets ont commencé à affecter les secteurs de l’automobile, de l’électro-ménager et de l’informatique grand public.

Autre constatation nuançant les risques de conflit entre la Chine et Taïwan, au milieu des tensions stratégiques dans le Détroit, les ventes taïwanaises de microprocesseurs constituent la part la plus importante des exportations de l’Île vers le Continent ayant atteint 155 Mds de $ en 2020 (contre 115 Mds de $ en 2010) soit +34% en 10 ans.

Tensions sur les microprocesseurs.

En haussant l’analyse d’un étage, on perçoit que les tensions en cours dans l’approvisionnement des « puces » affectent aussi les États-Unis.

Alors que, dans le paysage global, les fabricants de circuits imprimés et de puces dont la finesse est inférieure à 7 nm, voire 5 nm restent rares, TSMC, qui fournit Apple se maintient à la pointe de la miniaturisation grâce aux équipements de lithographie dernier cri achetés au Hollandais ASML dont il est le premier client. (lire Les Echos : Puces : les défis technologiques de la lithographie extrême ultraviolet).

Ces qualités de finesse font du fondeur taïwanais le premier fournisseur de circuits imprimés à la Chine où son plus gros client est HiSilicon, filiale de Huawei à côté de Allwinner Technology. Aux États-Unis, il approvisionne les grands du secteur que sont AMD, Apple, Broadcom, Marvell, Nvidia et Qualcomm.

La pénurie créée par les restrictions imposées par D. Trump affecte l’industrie mondiale au point que les gouvernements japonais, allemand et américain ont appelé Taïwan à augmenter sa production préemptée par la brutale hausse des achats massif de Huawei qui, dans l’urgence se constituait un stock pour résister à l’embargo de Washington.

Le 18 février, la chambre de commerce américaine et l’association de l’industrie des semi-conducteurs adressèrent une lettre au Président Biden pour lui demander de prendre des mesures.

Pour l’instant, faute de mieux, la réaction de la Maison Blanche fut de soutenir l’installation décidée sous l’administration précédente de six nouvelles usines TSMC aux États-Unis - dont la première sera en Arizona - en lui allouant une partie des 37 Mds de $ dédiés au secteur des « puces ».

La sécurité nationale s’en est mêlée. Le risque d’une dépendance excessive à un seul producteur était signalé dans le rapport concocté sous la direction d’Eric Schmidt, l’ancien PDG de Google président la Commission de la sécurité Nationale sur l’Intelligence artificielle.

Tout en recommandant un embargo limitant les possibilités de la Chine de s’approprier les secrets des hautes technologies (voir notre article : Avis de rupture du monde de la high-tech), le rapport analysait aussi le risque d’une extrême dépendance à Taïwan alors même que l’Île était sous la menace militaire chinoise.


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