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Pollution et prostitution : Les effets mitigés de la transparence

Pollution : Une initiative sans précédent des pouvoirs publics.

Le premier effort de transparence publique qui touche au très sérieux problème de la pollution de l’air et de l’eau consiste depuis le 1er janvier 2014 à obliger 15 000 entreprises les plus polluantes, y compris les grands groupes publics à faire état de leurs émissions polluantes et décharges toxiques dans les rivières. Compte tenu des habitudes de maquillage et des vastes collusions entre les administrations locales et les usines en cause - ces dernières participant parfois elles-mêmes au financement des systèmes de contrôle, ce qui réduit d’autant leur efficacité -, l’initiative marque une évolution majeure de la manière dont le pouvoir aborde désormais la question.

Ma Jun, ancien journaliste d’investigation et directeur d’une ONG baptisée « Institut des affaires publiques et environnementales » se dit interloqué par l’initiative tant elle lui paraît sortir des habituels réflexes d’omerta de la bureaucratie : « elle dépasse de loin tout ce que nous attendions ». Seule l’urgence et l’ampleur catastrophiques des niveaux de pollution expliquent que le pouvoir ait décidé de jeter en pâture à la société les chiffres exacts de la pollution des entreprises, comme il oblige depuis 2012 les villes chinoises à publier la quantité de particules nocives dans l’atmosphère.

L’état de l’atmosphère urbaine est donné par le calcul du poids de particules nocives inférieures à 2,5 microns en suspension par mètre cube, à partir d’un critère fixé par l’OMS stipulant que toute mesure au-dessus de 10 microgrammes/m3 signale un risque pour la santé. Or en Chine, une bonne centaine de villes affichent un niveau de pollution 10 fois plus sévère que ce niveau d’alerte. La situation étant, hors coût économique, à l’origine d’un million de décès prématurés chaque année et de la réduction de 5,5 ans de l’espérance de vie dans le nord du pays, sans compter l’impact négatif sur l’image du Parti.

La palme revient à la province du Hebei où, du fait le l’abondance des centrales thermiques et des sites industriels (cimenteries, aciéries, raffineries, usines chimiques) 7 villes figurent parmi les 10 plus polluées de Chine, affichant toutes un taux de microparticules supérieur à 100 microgrammes. Cette révélation choc a fait prendre conscience au pouvoir, soucieux des pertes économiques, préoccupé de la santé de Chinois et de son image, que l’air de la capitale ne serait jamais assaini si une action vigoureuse n’était pas entreprise pour réduire les émission toxiques des usines de la grande périphérie de Pékin. D’où la dernière obligation de transparence imposée aux industriels.

La prise de conscience est déjà à l’œuvre. En septembre dernier, le gouvernement publiait un premier plan accompagné de 280 Mds de $ pour améliorer la qualité de l’air et imposait à la conurbation Tianjin – Pékin de réduire la concentration de microparticules de 25% d’ici 2017. Le mois suivant, il décidait de réduire en 4 ans la production d’acier de 10%, soit 80 millions de tonnes, avec la plupart des abattements effectués dans la région de Pékin.

La société civile et les activistes de l’environnement accueillent ces mesures de transparence avec enthousiasme, même s’ils savent que longue sera l’élimination des obstacles qui vont de la cupidité de certains entrepreneurs désinvoltes à la crainte sociale de la perte d’emplois dans des usines polluantes dont l’activité sera réduite, en passant par la survivance dans nombre d’administrations locales de la prévalence donnée à tout prix à la croissance et à l’emploi.

L’optimisme des environnementalistes vient aussi du fait que les pollueurs sont désormais ouvertement ciblés et désignés à l’attention publique. Même si toutes les provinces n’ont pas encore respecté l’injonction gouvernementale, les données du Hebei sont disponibles affichant brutalement celles des usines qui dépassent les limites autorisées. Profitant de la vague de transparence, Ma Jun va plu loin et envisage de mettre en place un numéro d’appel d’alerte permettant aux citoyens de dénoncer les fraudeurs, assorti de la publication régulière d’un palmarès désignant à l’aide d’un code couleurs les bons élèves (en bleu) et les mauvais en rouge. « Notre but est d’aider le bureau de protection de l’environnement à faire respecter la loi. »


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