›› Editorial
Le 29 août dernier, le magazine Caixin publiait un éditorial de sa Directrice, Hu Shuli (Cf. l’article questionchine.net du 23/10/2009, rubrique Chroniques) qui citait les déclarations de Wen. Elle insistait aussi sur l’urgence des réformes politiques, ajoutant sa voix à celles des nombreux autres, journalistes, chercheurs, hommes politiques, militaires qui, constatant les blocages socio-économiques et la multiplication des « incidents de masse », tirent les mêmes sonnettes d’alarme.
Au fond, l’idée qu’un changement politique sera tôt ou tard indispensable pour assurer le succès des réformes économiques n’est pas nouvelle. Deng Xiaoping lui-même l’avait proclamée dans un long texte écrit en 1992. Tout en se méfiant du retour de la « libéralisation bourgeoise », et prônant « la dictature du prolétariat », il n’en était pas moins un réformateur pragmatique et audacieux - « Il faut être plus hardi en matière économique et ne pas marcher comme une femme aux pieds bandés. Il faut oser des expériences (...) La principale leçon à tirer de Shenzhen, c’est qu’il faut oser foncer ».
Ayant en horreur le formalisme et les dogmes, adepte de la vérité des faits, il encourageait les idées venant de la base, et savait qu’à terme une réforme donnant la parole au peuple serait un jour nécessaire : « le succès de nos réformes économiques, dépendra de la réforme du système politique ». Le fait est que, par deux fois, il a porté au pouvoir un réformateur qui lui était proche. Par deux fois, cependant, il a reculé, limogeant successivement Hu Yaobang (1987) et Zhao Ziyang (1989), peut-être effrayé par les réminiscences du chaos de la révolution culturelle.
Personne ne sait si Wen Jiabao est un comédien, pas même Yu Jie, qui, tout en le soupçonnant, ajoute qu’il « n’est pas certain d’avoir raison ». Une chose est sûre est que Wen, est resté en lice après le limogeage de Hu Yaobang, son mentor qu’il a fait resurgir de l’ombre, le 15 avril dernier. Sa capacité de survie politique est même exceptionnelle, puisqu’il fut le seul Directeur du Bureau des Affaires générales du Parti à avoir servi trois Chefs du Parti aussi différents que Hu Yaobang, Zhao Ziyang et Jiang Zemin.
On attribue en général cette longévité au soutien puissant et occulte de Li Ruihuan. Ce dernier (76 ans), opposant à Jiang Zemin, qui tenta de l’ostraciser, quitta prématurément le devant de la scène en 2003. Il fut membre du Comité Permanent et, de 1993 à 2003, le 6e Président de la Conférence Consultative du Peuple Chinois, où ses prédécesseurs s’appelaient Mao Zedong, Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Deng Yinchao et Li Xiannian.