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Stabilité sociale, liberté d’expression et droits des particuliers

POLITIQUE INTERIEURE. BREVES (1)

Modification du code du travail.

Le 6 décembre 2012, la Chine a modifié son code du travail avec effet le 1 juillet 2013 pour freiner l’abus de contrats à durée déterminée, introduits par des intermédiaires ou agences d’intérim. Aujourd’hui, près du tiers, parfois la moitié des employés de certaines sociétés, y compris des multinationales, sont employés pour des durées inférieures à 6 mois.

Les sociétés de recrutement ont souvent été mises en place par les sociétés elles-mêmes ou par des administrations locales pour limiter les contacts directs avec la main d’œuvre.

Mesures anti-pollution.

Le 28 décembre, les médias officiels ont annoncé que Pékin allait publier heure par heure des bulletins de contrôle de la pollution dans les 74 plus grandes villes du pays. L’initiative réagit à la très lourde pollution qui frappe Pékin et de nombreuses villes de Chine, avec des conséquences graves pour la santé.

Selon une étude de l’Université de Pékin, 8600 personnes sont décédées prématurément en 2012 à cause de la pollution. De nombreuses villes ont commencé à éloigner les usines polluantes et les centrales au charbon. Mais une partie importante de la pollution hivernale provient du chauffage collectif au charbon. Tandis que, partout, l’augmentation du nombre de voitures constitue un facteur aggravant.

Selon Wang Jinnan, vice-président de l’Académie de Planification environnementale, la pollution allait encore s’aggraver, notamment à cause des effluents chimiques toxiques. Le 6 janvier Xinhua annonçait que le gouvernement du Hebei avait ordonné une coupure d’eau pour 1 million de foyers dans la ville de Handan, 400 km au sud de Pékin, après qu’une usine ait déversé dans la rivière Zhuozhang 9 tonnes d’aniline substance, huileuse incolore dérivée du benzène, utilisée dans les teintures et très toxique pour l’homme et l’environnement.

Lutte contre la fraude académique.

Le 3 janvier 2013, le ministère de l’éducation a publié de nouvelles règlementations destinées à sanctionner plus sévèrement la fraude académique. Selon le Global Times, pour la nouvelle règlementation qui serait la première de ce type en Chine, le plagiat, l’achat et la vente de thèses académiques, sont désormais considérés comme des fraudes. Les sanctions élimineront les fraudeurs des examens nationaux et de l’enseignement supérieur pour trois années et annuleront leurs diplômes obtenus précédemment.

Selon Susan Blum, sociologue américaine de l’Université Notre Dame qui étudie la société chinoise depuis 30 ans, la fraude est un effet de la non indépendance des institutions chinoises et du poids de l’état dans l’Université. La recherche des financements publics induit des compétitions féroces et une inflation artificielle du nombre de publications universitaires, parfois publiées deux fois, des recopies pures et simples d’autres travaux ainsi que des fabrications de données scientifiques factices.

Blum note que les nouvelles règles n’induisent aucune poursuite pénale pour les fraudeurs. En 2003, Chen Jin, chercheur à l’université Jiaotong de Shanghai qui avait frauduleusement annoncé la mise au point d’une nouvelle puce, à partir de la copie d’une puce américaine, fut exclu de l’université et de la recherche, mais jamais traduit en justice pour vol de propriété intellectuelle.

Le Jihua Shengyu « 计划生 育 » sera maintenu.

Le 19 décembre 2012 le Parti a mis fin aux spéculations selon lesquelles la politique de l’enfant unique serait abrogée. La décision a été rendue publique par la voix Wang Xia la ministre en charge du « planning familial », qui a expliqué en substance que l’objectif de maintenir un faible de taux de natalité était « essentiel » et devrait être « maintenu sur le long terme ».

La décision a été prise, alors qu’en octobre dernier un centre de recherche du Parti pressait le pouvoir d’autoriser deux enfants par famille d’ici 2015. Selon l’administration de Wang Xia les effets pervers de la politique, exposés par nombre de chercheurs chinois et étrangers (vieillissement accéléré à partir de 2020, rétrécissement de la main d’œuvre, augmentation des dépenses de santé, déséquilibre filles garçons) ne justifient pas un changement brutal de stratégie.

Celle-ci a en effet permis « d’empêcher 400 millions de naissances » et considérablement ralenti la croissance démographique de la Chine. Plus encore le taux de naissance en Chine n’était ni stable ni uniforme. En effet, si la politique de l’enfant unique était supprimée, ajoute le ministère du planning familial, à l’exception des grandes villes, le taux de natalité ferait immédiatement un bond.

Auteur de la formule iconoclaste « sans un gouvernement respectant la constitution et la démocratie, l’idée d’une Chine heureuse restera une fable » -,Hu Xingdou, professeur d’économie à l’Institut de Technologie de Pékin, et fervent défenseur de l’état de droit en Chine a estimé, lors d’une interview au South China Morning, que « l’abolition brutale de la politique de l’enfant unique sera difficile ».

Il a ajouté « le poids démographique exigera toujours un planning familial, notamment à cause de la faible surface cultivable du pays et de la limitation des ressources disponibles par tête ». Quant à la ministre Wang, elle annoncé un développement des soins au profit des femmes enceintes, et laissé envisager, sans préciser lesquelles, des mesures pour réduire le déficit de filles.

Lire :
Les égarements du « 计划生 育 ». Quand le planning familial devient fou
La politique de l’enfant unique en question


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Par Caligula Le 23/02/2013 à 22h15

Stabilité sociale, liberté d’expression et droits des particuliers.

La répression exercée par le régime n’est-elle pas une fuite en avant ?

Car sur le plan économique, même si une baisse sensible a été enregistrée suite à la crise, les voyants sont au verts. Hors, l’économie ; ou plutôt son absence ; a été un des facteurs de la chutte de l’URSS. Reste le facteur humain, et là force est de constater que la libéralisation, partielle, de la société amène des changements dans les mentalités qui paraissent ne pas avoir été prises en compte par le pouvoir. D’où la fuite en avant.

N’y a-t-il pas comme un antagonisme entre d’un côté la modernisation des institutions, la hausse du niveau de vie, la prise en compte de l’environnement, l’ouverture au reste du monde, internet...et de l’autre le gouvernement qui réagit, quelquefois, comme un régime autoritaire ?

N’y a-t-il pas, non plus, un trop grand nombre d’intermédiaire entre le bureau central (siége des décisions), et les éxécutants (de ces décisions) au sein des différentes provinces, sans parler des cantons ?

Et l’armée dans tout ça ? Est-elle vraiment tenue par le pouvoir ?

Je sais, cela fait beaucoup de questions, mais c’est un sujet (la Chine) que j’aime bien...

Salutations.

Par François Danjou Le 24/02/2013 à 10h47

Stabilité sociale, liberté d’expression et droits des particuliers.

Merci de vos encouragements et merci aussi d’avoir corrigé la coquille, restée en ligne en dépit de nos relectures. Vos questions touchent au fond des choses. Partout, en France aux Etats-Unis, comme en Chine, les esprits évoluent moins vite que le nombre de téléphones portables.

Et un affichage de modernité, comme on la voit dans de nombreuses parties de la Chine de l’Est et de plus en plus ailleurs, n’est pas forcément le gage d’une plus grande souplesse du pouvoir, surtout quand celui est prisonnier de la rémanence des intérêts acquis, dont les ramifications descendent jusqu’aux administrations provinciales et locales.

Cette question renvoie à la cohérence entre le Centre, les provinces, les préfectures, les districts et les villages, dont, parfois, les intérêts divergent. Les cadres locaux abondent leur budget, souvent insuffisant - et parfois ils en profitent pour arrondir leurs finances privées -, par des captations de terre ou des collusions avec des projets lucratifs polluants, qui provoquent une instabilité sociale et politique, aggravée par Internet.

Cette observation touche à plusieurs autres questions, dont la première est liée aux ressources financières de l’Etat, elles-mêmes bridées par les intérêts acquis et encore par l’idéologie. Elle est liée à des questions sensibles comme celle des taxes à la propriété, toujours taboue dans un schéma politique qui se réclame encore du communisme, aux impôts des forteresses protégées que sont les grands groupes publics et aux vieilles habitudes encore mal corrigées de gaspillage du capital et du travail, dont il est essentiel d’augmenter la rentabilité.

En effet, plus la société chinoise évoluera vers les exigences de qualité de vie et celles d’un meilleur développement individuel, plus il deviendra urgent que l’Etat consacre des moyens financiers aux questions sociales et à l’éducation – il a commencé à le faire depuis plusieurs années -, ce qui réduira les ressources disponibles pour alimenter l’ancien schéma de développement, articulé autour des investissements publics et de l’export.

Dans un contexte où la ressource de main d’œuvre se contracte, il est aussi indispensable de rehausser la rentabilité du travail ce qui suppose un bon qualitatif général, sans oublier de porter attention au monde agricole, en cours de bouleversement par l’exode rural. Certains en Chine estiment que ces mutations vers la modernité ne seront possibles qu’au prix d’une réforme politique.

Alors que d’autres craignent que la remise en cause des anciens schémas de pouvoir, et en particulier celui du contrôle de l’appareil judiciaire par le Parti, portent en elle le risque considérable d’une rupture sociale et politique. Telle est, très sommairement exposée, la racine des débats en cours au Parti, qui, ici comme partout, se doublent de querelles de personnes et de clans.

S’agissant de l’APL, en dépit des augmentations très régulières de son budget, aujourd’hui estimé à 140 Mds de $, rien ne dit qu’elle ait réussi à se placer en position de force politique. S’il est vrai qu’en Chine comme ailleurs, les militaires agitent souvent la fibre nationaliste, et donnent volontiers des leçons de rigueur et de patriotisme, leurs organisations, et d’abord la CMC, sont elles-mêmes traversées par de graves symptômes de corruption et de népotisme.

Celles-ci ont d’ailleurs été rappelées par le n°1 du Parti Xi Jinping, qui a pris le contrôle de la CMC dès sa nomination au poste de SG, ce qui tranche avec le schéma précédent, où Jiang Zemin était resté 2 ans à la tête des armées, après sa retraite politique. Une habitude néfaste, héritée de l’époque Deng Xiaoping, qui brouillait le fonctionnement normal du pouvoir. Cette seule incidence ne plaide pas pour l’hypothèse d’un renforcement de l’influence de l’APL, au contraire. Enfin, sans qu’il s’agisse d’un argument décisif, on peut remarquer que la représentation de l’APL au sein du nouveau Comité Central issu du 18e Congrès, est restée stable autour de 17%.

Mais il est évident qu’un flottement du pouvoir politique induira mécaniquement un regain des critiques venant de l’APL, sur la rigueur publique, l’arbitraire social, les déséquilibres du développement, et - sujet tabou entre tous – la séparation du Parti et de l’armée. Sans oublier bien sûr les opportunistes – mais c’est une constante des humains - qui pourraient tirer profit des dissensions civilo-militaires, pour promouvoir leurs carrières.

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