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›› Editorial

Xi Jinping change les codes et s’installe pour durer

Peur d’une « normalisation » à la chinoise.

Objectivement, les inquiétudes sont attisées par les déficits de réciprocité dans la relation commerciale, les nombreux cas de captation illégale de technologies et la remarquable manœuvre de Pékin pour prendre le contrôle de ports commerciaux sur toute la planète (A ce sujet lire Les vents contraires de la relation Chine – Europe.)

Il suffit de consulter la presse occidentale après le discours de Xi Jinping du 20 mars pour prendre conscience de la cristallisation des craintes.

Le 20 mars le New-York Times titrait « Le nouveau “Timonier“ prononce un véhément discours nationaliste » ; le thème était repris par CNN, le Japan Times et le Times of India ; en même temps, le Guardian glosait sur l’ambiguïté de la vision de Xi Jinping décrivant d’une part un « monde décidé à combattre la montée en puissance pacifique de la Chine, obligeant Pékin à se défendre à tous prix », tout en affirmant d’autre part que « le développement de la Chine ne serait une menace pour aucun pays ».

En même temps, le Global Times en Chine appelait à se préparer à une confrontation militaire avec Washington, tout en faisant l’éloge de la négociation pour éviter une guerre des taxes.

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A l’intérieur, l’ANP a promu à des postes de vice-premiers ministres un habile assemblage de personnalités diverses, comprenant Han Zheng, 63 ans, désormais n°2 du gouvernement, ancien n°1 au long cours à Shanghai, placé à la tête de la lutte anti-pollution ; Liu He, 65 ans, proche de Xi Jinping, en charge du contrôle macro-économique ayant la responsabilité de tenir à distance une crise financière. Tâche dans laquelle, il sera assisté du nouveau Directeur de la Banque de Chine Yi Gang, de Liu Kung, le nouveau ministre des finances et de He Lifeng, la nouvelle tête de la Commission pour la réforme développement.

Madame Sun Chunlan, 67 ans seule femme du gouvernement succède à Liu Yandong à la tête du Front Uni et Hu Chunhua, 53 ans, ancien fidèle de Hu Jintao, jeune loup dont la carrière avait été ralentie par Xi Jinping, ayant une riche expérience de terrain, est à présent en charge de la lutte contre la pauvreté en remplacement de Wang Yang promu à la tête de la Commission Consultative du Peuple Chinois.

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Enfin, nombre d’observateurs de la Chine pointent du doigt les risques à moyen et long termes d’une telle concentration des pouvoirs aux mains de Xi Jinping. Le 3 mars, Tom Philipps correspondant à Pékin de plusieurs quotidiens britanniques, publiait dans le Guardian un long article résumant l’essentiel des arguments développés en faveur de la thèse selon laquelle le tout puissant n°1 chinois pourrait, tôt ou tard, être la victime des tirs croisés de ses détracteurs.

Rappelant l’aversion de Deng Xiaoping pour la concentration malsaine du pouvoir aux mains d’un seul homme, il cite Yao Shuping rescapée de la révolution culturelle dont la mère avait été assassinée par les gardes rouges, l’armée de jeunes fanatiques soulevés par Mao pour reconquérir on pouvoir affaibli depuis la conférence de Lu Shan en août 1959. Réfugiée aux États-Unis elle regrette la chasse aux dissidents en Chine et hors de Chine et l’obsession du pouvoir total que Xi Jinping fait peser sur la société. En arrière plan, surgit la hantise de la renaissance des luttes de clans.

Faibles critiques internes.

Le 28 février dernier, Li Datong, ancien Directeur de Bing Dian (冰点 - point de congélation -) , supplément du Quotidien de la jeunesse (400 000 exemplaires) interdit depuis 2006, publiait une lettre ouverte sur Wechat, adressée aux députés de Pékin, dans laquelle il leur demandait de s’opposer à la suppression de la limitation des mandats de la présidence dont il considérait qu’elle était la plus efficace barrière au retour de la dictature personnelle.

Plus précieux héritage politique de Deng Xiaoping, la restriction en phase avec la modernité, constituait selon lui, le fondement du progrès démocratique. Sa suppression révèle, dit-il, une régression politique. Suscitant les quolibets des nations développées, elle sèmerait les graines du chaos à venir.

Pour autant, Li prêche dans le désert. Sa voix dissidente ne porte pas et, sans surprise, le Global Times, associe la critique à celles des Occidentaux qui tentent de freiner la montée en puissance de la Chine. Il y a 3 ans, Question Chine avait anticipé la direction prise par le régime (lire : Xi Jinping rénove le Parti, recentre son pouvoir et s’organise pour durer.)


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