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›› Politique intérieure

Xi Jinping, entre Mao, Deng Xiaoping et société civile

La direction collégiale toujours à l’œuvre

Récemment, Hu Angang, Directeur du centre de recherche sur les affaires politiques nationales de l’université Qinghua et auteur d’un livre sur la direction collégiale, a critiqué les jugements des observateurs extérieurs spéculant sur la fin du consensus et la concentration de tous les leviers de pouvoir dans les mains de Xi Jinping, accusé d’avoir marginalisé les autres membres du Comité Permanent. Selon lui, le nouveau Comité Central a établi des règles claires définissant le partage du travail et le caractère collectif des prises de décision avec tous les membres du Comite Permanent du Bureau Politique systématiquement présents dans les Commissions et sous-commissions de la réforme.

Équilibre des influences

On y retrouve par exemple Li Keqiang le n°2 de l’appareil dans les structures chargées de la réforme de l’économie et des finances. Lui-même avait imprimé sa marque réformiste à portée globale alors qu’il n’était encore vice-premier ministre, parrainant une étude iconoclaste concoctée en liaison avec la Banque mondiale. L’exigence de mettre à bas les féodalités conservatrices, une des conclusions les plus dures du rapport et politiquement les plus sensibles, a récemment été reprise par Xi Jinping qui exhortait la direction politique au courage et à l’audace face à la dureté des temps et à la complexité des réformes entravées par les blocages corporatistes.

Que Liu He, proche de Li Keqiang, le maître d’œuvre de cette étude et principal artisan des feuilles de route publiées par le 3e plenum ait été promu en 2013 au poste stratégique de n°2 de la Commission pour la Réforme et le Développement National, ne plaide pas non plus pour une concentration des pouvoirs aux mains du seul Xi Jinping.

Dans les Commissions sont également présents des responsables aux sensibilités politiques diverses comme les conservateurs Zhang Gaoli n°7 du Comité Permanent (CPBP), en charge du schéma global des réformes économiques et Ma Kai proche des féodalités des grands groupes publics. Ils sont flanqués du réformateur Wang Yang. Tous trois sont vice-premiers ministres et membres du bureau politique (BP).

D’autres courants ultra conservateurs, fermés aux réformes qui font contraste avec le couple Li Keqiang – Liu He, sont également parties prenantes des décisions de la tête du régime, comme celui représenté par Liu Yunshan, président de l’Ecole Centrale du Parti, n°5 du Parti. Avec Liu Qibao, n°11 du Bureau Politique, il est responsable des « réformes culturelles » et membre du groupe dirigeant pour la Sécurité Internet. Leur influence se perçoit dans le durcissement idéologique et les crispations de la censure. Le raidissement, aujourd’hui assez général de la direction politique, transparaît aussi dans l’évocation récurrente du « socialisme aux caractéristiques chinoises », récusant la démocratie à l’occidentale et l’indépendance de la justice.

Mais leur mainmise conservatrice est contrebalancée par la présence aux commandes de réformateurs, comme le Vice-président Li Yuanchao, n°2 des « groupes dirigeants » sur les Affaires étrangères et la sécurité nationale, ce dernier coordonnant les questions sensibles du Tibet, du Xinjiang, de Taïwan et la réaction aux attaques terroristes. Yu Zhengsheng, n°4 du Comité Permanent, au passé et à la famille connectés à la fois à la dissidence par son frère, le transfuge Yu Qiangsheng et au KMT par son grand-père, est aussi le maître d’œuvre de la politique au Tibet et au Xinjiang, à la tête du groupe dirigeant pour les affaires religieuses, une position qui lui donne bien plus de pouvoirs que n’en avaient ses prédécesseurs à la présidence de la Conférence Consultative du Peuple Chinois. Lui aussi exerce un poids non négligeable sur Xi Jinping.

Zhang Dejiang n°3 du CPB, président de l’ANP et vice-président de la nouvelle commission de sécurité président du groupe dirigeant pour Hong Kong et Macao, diplômé d’économie de l’université Kim Il Sung à Pyongyang, loyal au Parti et profondément conservateur, vient récemment de faire peser l’influence du Bureau Politique sur l’avenir de la Région Administrative Spéciale périodiquement agitée par des protestations contre l’invasion des touristes venus en masse dans la RAS faire leurs emplettes – allant du lait en poudre aux appartements – et dont les habitants craignent la disparition progressive des libertés sous l’influence politique de Pékin.

La prise de position de Zhang qui mettait en garde contre les risques d’une élection « totalement démocratique » en 2017, revenait sur une promesse du Bureau Politique faite en juin 2010 par le Parti et Hu Jintao d’accepter un amendement de la loi sur l’élection du Conseil Législatif qui marquait un assouplissement du régime sur la question du système politique de la RAS.

Mais le raidissement de Zhang était en phase avec les vieilles craintes de contagion démocratique qui ne datent pas de l’avènement de Xi Jinping. Elles remontent au moins au mouvement pour la démocratie des années 70, à qui l’espoir d’une contagion déclenchée par le retour de Hong Kong à la Chine en 1997 a redonné de la vigueur.

Photo Le Comité Permanent du Bureau Politique en visite sur le terrain. De gauche à droite Wang Qishan, Liu Yunshan, Zhang Dejiang, Xi Jinping et Li Keqiang. Au 2e rang Zhang Gaoli (à gauche) et Yu Zhengsheng.


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