Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Politique intérieure

Xi Jinping et Li Keqiang à couteaux tirés ? Un défi à la résilience de l’appareil

Un vent de contestation.

Considéré par nombre d’intellectuels comme un autocrate depuis qu’en plus de ses fonctions à la tête du parti, de l’armée et de l’État, il s’est lui-même, placé aux commandes de 7 « petits groupes dirigeants » [1], Xi Jinping aborde la retraite de Beidaihe dans une position dont l’horizon politique n’est pas complètement dégagé.

Depuis l’intérieur du parti montent en effet des critiques contre sa personne et sa gouvernance de la Chine, marquée à l’intérieur par une paranoïa du contrôle et à l’extérieur, soulevant d’importants vents contraires, un regain d’agressivité des diplomates chinois accompagnant une stratégie d’affirmation de puissance, notamment en Mer de Chine du Sud et dans le Détroit de Taïwan.

La dernière charge en date contre lui vient de Cai Xia 蔡霞 professeur de l’École Centrale du Parti à la retraite. Depuis l’étranger elle a fait diffuser en Chine un enregistrement de 20 minutes férocement critique. Pour elle, le parti, gravement endommagé, est devenu une structure politique « Zombie ».

Après avoir remis en cause la course de l’appareil depuis la révolution culturelle, incapable de corriger son système et ses méthodes (« Les mêmes leviers utilisés par Mao pour lancer la révolution culturelle, furent actionnés par Deng pour initier les réformes  »), et sans jamais citer le n°1, qu’elle désigne à la 3e personne (Il – 他 -), Cai Xia accuse Xi Jinping d’avoir saisi tous les pouvoirs pour « transformer les 90 millions de membres du Parti en esclaves et outils qu’il utilise à son profit  ». (…) « Quand il n’en a plus besoin, il les désigne comme corrompus  ».

L’impitoyable diatribe contre le retour du culte de la personnalité, l’injustice, la partialité et la censure - « critiquer les décisions économiques ou prendre le contrepied du parti sont des crimes » - traduite par le site China Digital Times aboutit à inciter le n°1 à démissionner ou à réclamer sa destitution.

Mise à jour le 19 août : Le 17 août, Cai Xia qui est réfugiée aux États-Unis depuis plusieurs mois et n’a pas l’intention de rentrer en Chine, a été exclue du Parti « pour ses remarques ayant gravement endommagé la réputation de la Chine. » .

*

Même si la machine politique a une forte capacité de résilience au sein de laquelle, Xi Jinping a construit un solide réseau de fidèles (lire : 19e Congrès. Les couteaux sont tirés. Xi Jinping élimine ses opposants, consolide son pouvoir et s’installe pour durer.), le moins qu’on puisse dire est que le séminaire d’été ne s’annonce sous les meilleurs auspices de sérénité et de cohésion politique.

En janvier dernier, en pleine crise médicale, commentant l’apparition en première ligne du premier ministre à Wuhan, Willy Lop Lam, ancien du South China Morning Post jusqu’en 2000, aujourd’hui professeur associé à l’Université de Hong Kong, notait déjà le risque que la popularité de Li Keqiang submerge celle de Xi Jinping.

« Au début, c’est le Premier Ministre qui, masque sur le visage, était en première ligne dans les hôpitaux de Wuhan. Les images de ses entretiens avec le personnel médical ont submergé les réseaux sociaux » (…) « Au moins Li Keqiang a eu le cran de se rendre sur place ».

La comparaison avec Hu Jintao le prédécesseur de Xi n’était pas non plus très aimable pour le n°1. « Alors que Hu avait visité plusieurs endroits sévèrement touchés par SRAS, Xi reste en sécurité à Pékin ». Lire : Wuhan, crise médicale et craquements dans l’appareil.

Plus particulièrement, QC le soulignait déjà en juillet 2017, dans le § « Le crépuscule de l’héritage de Deng. » (voir la p.3 de l’article déjà cité : 19e Congrès. Les couteaux sont tirés. Xi Jinping élimine ses opposants, consolide son pouvoir et s’installe pour durer.), les critiques contre la stratégie choisie de Xi jinping, à rebours de la prudence prônée par Deng Xiaoping, pourraient pendre d’autant plus d’ampleur qu’à l’étranger l’affirmation sans complexe de la puissance chinoise a provoqué de nombreux vents contraires.

Carte sauvage attisant les émotions, à rebours des communiqués de victoire du n°1 au mois de mars, la soudaine résurgence des cas de Covid-19 à Pékin, cœur du pouvoir que l’appareil avait promis de protéger, crée une nervosité palpable.

S’il est vrai que les réactions connues de l’opinion échaudée par le précédent de Wuhan cautionnent la rigueur des mesures adoptées par la municipalité, il serait étonnant que, dans le secret des strates supérieures du Parti, le contraste avec l’assurance victorieuse affichée il y a deux mois, n’alimente pas une polémique interne.

Note(s) :

[1Xi Jinping est à la tête de nombreux petits groupes dirigeants 领导小组 - Approfondissement des réformes ; Sécurité Nationale ; Intégration civilo-militaire ; Affaires taïwanaises ; Affaires étrangères ; Sécurité Internet ; Economie et finances.-


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

L’appareil fait l’impasse du 3e plénum. Décryptage

A Hong-Kong, l’obsession de mise au pas

Pour l’appareil, « Noël » est une fête occidentale dont la célébration est à proscrire

Décès de Li Keqiang. Disparition d’un réformateur compètent et discret, marginalisé par Xi Jinping

Xi Jinping, l’APL et la trace rémanente des « Immortels » du Parti