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Chine - Taïwan, les politiques de l’Île perdent la main

Désarroi à Taïwan patience et retenue en Chine.

Au milieu de l’été 2013, le fond de tableau de la situation de l’Ile est le suivant.

Pékin est à la fois impatient d’aborder les négociations politiques après les succès des accords commerciaux, mais soucieux de ne pas effrayer les Taïwanais par une maladresse, un faux pas ou une agressivité intempestive risquant de remettre en cause les acquis de confiance et d’apaisement depuis 2008.

D’où l’extraordinaire placidité du Bureau Politique, qui reporta sa fureur sur le Japon quand Taipei signa, au nom de la République de Chine, un accord sur les pêches autour des Senkaku, ou lors de la visite fin juin à Taïwan de l’activiste des droits de l’homme Chen Guangcheng. Dans ce cas, le flegme chinois a d’ailleurs été facilité par le fait que Chen, qui fit l’apologie de la formule « un pays deux systèmes », a publiquement considéré que le mouvement indépendantiste était démodé, laissant entendre qu’il soutenait une solution fédérale en Chine.

A Taïwan, la classe politique est divisée et perplexe, aux prises avec une situation devenue fluide qu’elle maîtrise mal, sous tendue par la force de l’apaisement, le dynamisme des élans commerciaux et la multiplication des échanges, dont chacun reconnaît en même temps les effets bénéfiques et les insidieux dangers pour le statut de l’Île.

Dans les allées du pouvoir, le KMT s’interroge sur les limites de l’aventure, alors que son énergie politique et son audience, d’abord portées par la nouveauté exaltante de l’Accord Cadre faiblissent, au milieu des craintes d’une réunification rampante.

Tout en rassurant ses troupes sur sa vieille expérience des stratégies chinoises de réunification, Ma Ying-jeou s’accroche à l’espoir que Pékin lui accordera une plus grande marge de manœuvre diplomatique et répète qu’il veillera au respect de la dignité des Taïwanais et à la pérennité du statut de l’Île. Quant au DPP, il est en plein désarroi, partagé entre ses fringales de pouvoir, la nécessité politique d’un ajustement tactique à l’égard du Parti Communiste Chinois et la force iconoclaste de son message d’indépendance, inacceptable pour Pékin.

La prudence de Pékin et sa volonté de rassurer les Taïwanais, qui accompagnent cependant l’impatience politique du Bureau Politique se lisent d’abord dans la manière dont sont systématiquement reçus à Pékin les hommes politiques taïwanais, y compris l’indépendantiste Hsieh Chang-ting.

S’il est vrai qu’il n’a pas eu droit aux rencontres avec les plus hauts dirigeants, sa visite en Chine en octobre 2012 signalait une modification radicale des relations entre le Parti Communiste Chinois et le DPP taïwanais. L’ancien premier ministre de Chen Shui-bian fut en effet reçu par Dai Bingguo, en charge des Affaires stratégiques et par les responsables des Affaires taïwanaises, Chen Yulin et Wang Yi, l’actuel ministre des affaires étrangères.

En revanche, depuis la visite en Chine de Lien Chan en 2005, le Régime chinois a veillé à traiter avec déférence les représentants du KMT visitant le Continent. Ce fut encore le cas cette année, qu’il s’agisse de Lien Chan (février 2013), de Vincent Siew (avril 2013, lors du sommet de Boao), ou de Wu Po-hsiung (juin 2013), qui furent tous longuement reçus par le président Xi Jinping.

Le doigté et la retenue de Pékin s’exprimèrent aussi au travers des premières déclarations du nouveau Directeur du Bureau des Affaires taïwanaises au Comité Central, Zhang Zhijun, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, lors d’un séminaire à Pingtan dans le Fujian, organisé en mars.

Le ton apaisant et rassurant s’inscrivait dans la foulée des discours de la nouvelle direction du régime, prononcés par Xi Jinping, Li Keqiang et Yu Zhengsheng, président de l’Assemblée Consultative du Peuple Chinois, n°4 du régime et responsable des Affaires taïwanaises au sein du Comité Permanent. Tous évoquaient la Patrie commune, les relations apaisées, la réunification pacifique (excluant l’emploi de la force), et insistaient sur le bien-être et les intérêts des Taïwanais.

Se voulant rassurant le discours de Zhang était, quant à lui, d’abord articulé autour de la promesse de stabilité des intentions de Pékin « il n’y a pas de raison de ne pas adhérer à une politique si elle est correcte. Non seulement nous ne la changerons pas ; mais nous améliorerons sa mise en œuvre », à quoi Zhang ajouta la désormais indispensable référence à l’idée lancée par Xi Jinping, de la « grande renaissance de la nation chinoise ».


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