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Les arrières pensées de la relation entre la Chine et l’Iran

AFP : La question du nucléaire iranien. Progrès et obstacles. Les Occidentaux accepteraient relâcher les sanctions financières et pétrolières à condition que Téhéran réduise d’au moins 20% ses capacités d’enrichissement, arrête la construction du réacteur d’Arak et réduise son stock d’uranium enrichi. Pékin se pose en « arbitre, proche de Téhéran ».

Modification radicale du contexte.

Alors qu’il y a deux ans la Chine était, avec la Russie, accusée par l’Occident non seulement de soutenir avec cynisme le régime de Damas qui massacre sa population, mais également d’appuyer Téhéran dont les ambitions nucléaires portent le risque de faire exploser le régime de non prolifération, la voilà aujourd’hui à nouveau en phase avec ses collègues membres permanents et avec Berlin.

Pékin se pose en « arbitre, proche de Téhéran ».

Mais ce serait une erreur de croire que Pékin s’est rallié au camp occidental contre l’Iran. S’il est vrai que la Chine ne souhaite ni la contagion terroriste qui la menace au Xinjiang, ni la prolifération nucléaire dont l’ombre se profile depuis la péninsule coréenne, elle tient néanmoins à conserver une position médiane, se donnant à l’occasion le rôle d’avocat de Téhéran.

Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères chinois qui participe aux négociations et s’est entretenu en tête à tête avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif en marge de Vienne, l’a rappelé : « la Chine cherche un règlement global qui satisferait les intérêts de la communauté internationale, y compris ceux de l’Iran ». Il s’agit, soulignait l’agence Xinhua, de « modifier la teneur même des pourparlers ». On ne pouvait pas mieux dire.

De très anciennes relations…

Les relations entre la Chine et l’Iran ne sont pas le résultat d’un opportunisme tactique, mais plongent leurs racines dans plus de 20 siècles d’histoire commune. Elles datent des contacts entre les premiers Han et les Parthes de la Perse antique, 126 ans av JC, jusqu’aux actuelles relations entre la République Islamique et le Parti Communiste chinois qui, dans les années 90, apporta son soutien technique au programme nucléaire de Téhéran par des transferts de savoir-faire pour la séparation du plutonium, l’exportation de réacteurs de recherche et la vente d’uranium concentré destiné à l’enrichissement.

Quelques 3 siècles plus tôt, les VIIe et VIIIe siècles avaient même ouvert une ère de riches échanges culturels, économiques, politiques et militaires avec l’installation près de Xian, capitale des Tang de la cour impériale perse chassée par conquête arabe. Lire notre article Les très anciennes relations entre la Chine et la Perse.

…de plus en plus denses.

Aujourd’hui, alors que Téhéran est confronté à un bloc occidental dont l’ouverture est toujours freinée par des conditions drastiques, ses relations avec Pékin s’accélèrent au point qu’aux États-Unis certains y voient un brouillage de la stratégie de négociations des P5+1.

La connivence chinoise offre d’abord à l’Iran assez sévèrement boycotté à l’Ouest, des alternatives diplomatiques par le truchement de sa participation comme observateur ou membre à l’Organisation de Coopération de Shanghai, au processus d’Istanbul, à la conférence pour les mesures de confiance en Asie et à la nouvelle Banque d’Investissements pour les Infrastructures. Surtout, cette proximité tous azimuts donne le sentiment d’un renforcement rapide de la relation, non seulement économique et commercial, mais également militaire.

Au cours du premier semestre 2014, à la suite de l’allègement des sanctions, les importations chinoises de pétrole iranien ont augmenté de 48% par rapport à l’année dernière pour atteindre un rythme moyen de livraison de 2,3 millions de tonnes/jour, soit 26% du total des importations chinoises de brut. Entre 2012 et 2013 le commerce bilatéral a progressé de 10% pour atteindre 40 Mds de $ et, au premier semestre 2014, les échanges hors pétrole ont atteint 13 Mds de $.

Cet élan vers le Moyen Orient et l’Iran, point de passage vers l’Europe, s’inscrit dans le discours de Pékin évoquant les « nouvelles routes de la soie » maritimes et terrestres, artères commerciales qui relieront la Chine, l’Asie du Sud-est, le Moyen Orient et l’Europe.


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