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1er Trimestre 2013. Le temps des grands défis

CONTRÔLE MACRO ÉCONOMIQUE

La nouvelle équipe installée aux commandes économiques de la Chine, avec Ma Kai comme vice-premier ministre, Lou Jiwei aux finances et Zhou Xiaochuan maintenu à la Banque Centrale, tous trois émules de Zhu Rongji, principal artisan de l’abaissement du pouvoir des entreprises publiques et ardent pourfendeur des intérêts corporatistes, la direction chinoise exprime plusieurs objectifs majeurs.

Pour Li Keqiang, les priorités sont d’accompagner l’urbanisation massive de la Chine, reprenant la réforme laissée en plan par l’équipe précédente, en réduisant l’influence des grands groupes publics, obstacles aux réformes, en privilégiant l’initiative privée et en poursuivant la remise en ordre du système financier accablé par les dettes des provinces, sans oublier la nécessité de contrôler l’inflation, récemment repartie à la hausse.

« Si on souhaite améliorer la vie des populations, il est nécessaire que les budgets soient étroitement contrôlés », a rappelé le nouveau Premier Ministre qui, dans sa conférence de presse de clôture de la 12e ANP, a cité une douzaine de fois la nécessité des réformes. La force des défis se lit aussi dans l’urgence d’améliorer massivement la productivité d’une économie encore très gaspilleuse, dans un contexte où les obligations financières de l’État, qui devra engager plus de 6000 Mds de $ dans le chantier de l’urbanisation, s’alourdissent considérablement.

Selon un analyste proche de la Commission Nationale pour la Réforme et le Développement, un consensus existe dans l’appareil pour considérer que les réformes sont directement liées à la survie du Parti. Lou Jiwei, le nouveau ministre des finances et Xiao Gang, à la tête de la Commission de contrôle des opération boursières, sont sur la même longueur d’onde : « les banques chinoises paraissent solides, mais le marché du capital est erratique. Ouvrir les comptes de capitaux sans réformer le marché serait dangereux ».

Deux autres objectifs, lancinant arrière plan de la situation chinoise, s’ajoutent à ces priorités : la lutte contre la corruption et la bataille contre la pollution, dont le coût a été estimé à 3,5% du PNB ou 320 Mds de $, par l’Académie de la planification écologique, rattachée au ministère de l’environnement.

Mais ces deux combats tiennent du mythe du Sisyphe, handicapés par la non indépendance de la justice et la priorité absolue toujours accordée à la croissance, principal adjuvant de la légitimité du Parti. Cette réalité fonde les conclusions d’un rapport publié en février par la Deutsche Bank qui estime que l’environnement chinois se dégradera encore au moins pendant les 10 ans qui viennent.

Les chiffres et les décisions des trois premiers mois de 2013 donnent une image contrastée de la reprise économique fragile avec un rebond de la production, mais des ventes de détail encore faibles, à quoi s’ajoutent la réapparition des risques de bulle immobilière et la reprise de l’inflation.

Dans le même temps, le lobby des provinces a tenté de contourner les mesures de contrôle du crédit aux gouvernements locaux, mis en place par Commission de régulation bancaire, qui comporte un mécanisme d’alerte des financements irréguliers, la stigmatisation des dépenses excessives – dans la droite ligne des actions de Zhu Rongji entre 1998 et mars 2003 -, et l’obligation pour les provinces de rendre public en temps réel leur niveau d’endettement.

Cette situation, où les intérêts locaux et corporatistes résistent au mesures de rigueur financière, renvoie à la contradiction entre la nécessité énoncée par la Banque Centrale de juguler le crédit et de mettre de l’ordre les marchés financiers et la relance par l’investissement voulue par de nombreux acteurs locaux et principal stimulant du pouvoir des grands groupes et des banques publiques.

Alors que les chiffres publiés en mars révélaient une accélération de l’inflation par rapport aux 2 premiers mois de 2012 avec + 2% en janvier et + 3,2% en février, le 5 février 2013, le Conseil des Affaires d’Etat faisait connaître un projet de taxation des groupes publics et promettait de mettre en place une taxe à la propriété, assortie d’un impôt sur les transactions immobilières, sans cependant préciser dans quels délais.

Pour compenser les mesures de contrôle de la masse monétaire, des incitations fiscales, boursières et financières ont été mises en place pour faciliter l’importation (baisse des taxes sur 780 produits, dont le lait en poudre pour enfants, les machines outils pour l’industrie automobile et les produits du caoutchouc), pour transférer au moins 30% des profits annuels aux actionnaires, une première en Chine, accompagnée par la réduction des taxes sur des dividendes perçus, tandis que, pour favoriser la liquidité du marché, la Banque de Chine lançait près de 150 Mds de $ de prêts-emprunts - échange des titres contre un emprunt, en général, à court terme -.


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