›› Politique intérieure
La férocité des répressions, héritière des implacables luttes de pouvoir.
L’audience trouble des « néo-maoïstes » empêtrée dans des scandales et des rivalités de pouvoir perça l’opacité du parti quand en mars 2012, le Comité permanent décida de purger publiquement Bo Xilai (lire : Le Parti purge Bo Xila).
Une fois installé au sommet par le 18e Congrès à l’automne 2012, Xi Jinping, appuyé par une justice aux ordres s’est appliqué à détruire ses rivaux « néo-maoïste » dont la réputation était gravement entachée par une lourde série de dérapages éthiques, de malversations et de crimes.
Bo Xilai, le « fils de prince » flamboyant appuyés par ses soutiens « proto-maoïstes » de Chongqing et la mouvance conservatrice de Pékin, dont le très sulfureux Zhou Yong-Kang discrédité par un scandale personnel, ancien n°10 de l’appareil et responsable de la sécurité d’État, venu de la mouvance de l’industrie du pétrole furent tous les deux condamnés à la prison à vie (lire : Coup d’Etat à Pékin. Sexe, meurtre et corruption en Chine et Zhou Yonkgang, maître sans éthique de la répression est tombé).
Le 6 décembre, lors de son éloge funèbre à Jiang Zemin, Xi Jinping qui l’a crédité d’avoir commencé à éradiquer les connexions affairistes corrompues des armées en les plaçant fermement sous le contrôle politique du Parti, a, dans la droite ligne de l’exigence de fermeté héritée de Deng, cautionné la brutalité de la répression de Tian An-men, le 4 juin 1989.
« À la fin du printemps et au début de l’été 1989, de graves troubles politiques ont eu lieu en Chine. Le camarade Jiang a confirmé et mis en œuvre la décision correcte du Comité central du PCC d’adopter une position claire contre les troubles, de défendre le pouvoir de l’État socialiste chinois et de sauvegarder les intérêts fondamentaux du peuple ». (Il l’a fait) « en maintenant efficacement la stabilité politique à Shanghai avec le solide appui des membres du Parti ».
Les effets secondaires d’un grand écart idéologique.
Le règne de Jiang Zemin a également été marqué par les effets indésirables de la théorie des « Trois Représentativités » 三个代表 » adoptée par le 16e Congrès en 2002. La pensée est une acrobatie politique qui tente d’ajuster la nouvelle réalité chinoise d’une puissance sans partage de la nouvelle classe des entrepreneurs dont l’influence a logiquement subjugué la prévalence des ouvriers et des paysans qui, dans le marxisme chinois comme à Moscou tenaient le haut du pavé, jusqu’à la mort de Mao.
Les « Trois représentativités » est une théorie élaborée par Wang Huning qui fut proche de Jiang Zemin, aujourd’hui éminence grise de Xi Jinping pour le compte de qui il a imaginé la théorie très nationaliste du « socialisme aux caractéristiques chinoises pour une ère nouvelle ». Affirmant un contraste radical avec la pensée occidentale elle est depuis mars 2018 inscrite dans la constitution.
Promu par le 20e Congrès de la 5e à la 4e place du Comité permanent, Wang énonce par les « Trois représentativités » que le Parti ne représente pas seulement les ouvriers et les paysans, mais également les entrepreneurs d’essence proto-capitaliste promus par Deng alors même qu’ils étaient les principales cibles politiques du Maoïsme révolutionnaire.
Avec l’arrière-plan de l’insistante tradition culturelle chinoise du Guanxi 关系 faisceau de relations sociales indispensable à la puissance 势力 (mot à mot force potentielle) d’une famille ou d’un clan, le grand écart idéologique ayant autorisé l’admission des entrepreneurs proto-capitalistes au sein du parti toujours en théorie marxiste-léniniste, attisa encore plus l’hybridation entre les affaires et la politique, provoquant une explosion inédite des phénomènes de corruption jusqu’aux plus hautes sphères de l’État.
Xi Jinping en a pris conscience en 2011. Alors qu’il n’était encore que Vice-Président, son ami d’enfance et fils de prince comme lui, le Général Liu Yuan – fils de Liu Shaoqi l’ancien président de la République et de Wang Guangming, Docteur en physique nucléaire et professeur à Qinghua, tous deux victimes des féroces vindictes d’une jeunesse hystérisée par la férocité de la révolution culturelle, lui présenta le sociologue chinois Zhang Musheng.
Une année avant son accession à la tête de l’appareil, ce dernier l’avait mis en garde contre les dérives corrompues des plus hauts responsables, soulignant que le Parti était à vendre au plus offrant. La brutale révélation d’une situation catastrophique menaçant l’existence même du Parti, fut à l’origine de la violente campagne anti-corruption dont tous les analystes de la Chine estiment qu’elle a aujourd’hui dérivé vers une charge politique d’élimination des opposants.
Des centaines de milliers de fonctionnaires, parmi lesquels des hauts responsables financiers, des patrons de banques et d’industries, des hauts gradés des trois armées ont été destitués, jugés et condamnés parfois à la peine capitale et exécutés.
Le nettoyage des écuries d’Augias est allé jusqu’à la condamnation à vie du général Guo Boxiong, premier militaire du pays, ancien chef de l’état-major général et à l’arrestation diffusée par la chaîne de TV publique sur son lit d’hôpital où il se mourrait d’un cancer du foie, du Général Xu Caihou, Commissaire Politique de l’APL.