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Diplomatie chinoise et méfiances indiennes

Trois semaines d’un face à face militaire dangereux.

Quand Li Keqiang est arrivé à New-Delhi, les deux détachements militaires qui se faisaient face depuis trois semaines sur le plateau gelé de Siachen avaient accepté de se replier depuis à peine 15 jours. Ils venaient en effet de conclure un accord signé par les commandants militaires des zones frontières qui obligea les troupes chinoises à se replacer de l’autre côté de la Ligne de contrôle provisoire (Line of Actual Control LAC), que ni Delhi ni Pékin ne reconnaissent.

Pour une raison qui reste à élucider et ressemble à une provocation directe, une trentaine de soldats de l’APL appuyés par des hélicoptères franchirent la ligne de contrôle le 15 avril dernier et installèrent un campement près du terrain d’aviation indien de Daulat Beg Oldi utilisé par l’armée indienne pour la logistique des unités stationnées sur le glacier de Siachen, à la limite occidentale de l’Aksai Chin. Chaque jour les soldats indiens et chinois quittaient leurs bases provisoires pour rejoindre des positions sur la plaine de Depsang, une centaine de kilomètres plus à l’ouest, où ils se faisaient face à seulement 100 m les uns des autres.

Une photographie prise par des militaires indiens montre 6 soldats de l’APL brandissant une bannière signalant aux Indiens qu’ils se trouvaient « en territoire chinois ». Malgré l’apaisement récent, et compte tenu qu’en l’absence de règlement la région est encore un « no men’s land », il est à peu près certain que les tensions continueront à mesure que les deux armées - les Indiens ayant décidé de réagir aux provocations chinoises - augmentent leur présence dans la région autour d’importants projets de développement.

A l’ouest, l’autoroute de Karakorum relie le Pakistan au Xinjiang chinois, que Pékin a l’intention d’utiliser comme axe logistique vers le port de Gwadar et la mer d’Arabie, tandis que l’Inde a déjà planifié plusieurs projets de barrages hydroélectriques dans le Cachemire indien, également revendiqué par le Pakistan.

L’incident qui, pour les Indiens est un des plus graves depuis les échauffourées de 1987 (survenu après que l’Inde ait donné à l’Arunachal Pradesh, également revendiqué par la Chine, un statut administratif) n’est pas fait pour améliorer la confiance. Le moins qu’on puisse dire est qu’en dépit du lent réchauffement des relations depuis la fin des années 80, et malgré le fait que la Chine soit devenue son premier partenaire commercial, New-Delhi doute de la bonne volonté chinoise et exprime une inquiétude latente envers son puissant voisin.

Durant les trois semaines de crise arc-boutée dans l’Himalaya, les deux armées se faisant face à très courte distance, l’opposition parlementaire et nombre de médias n’ont pas ménagé leurs critiques qui faisaient un parallèle avec l’humiliation subie sur le même théâtre en 1962.

Le 17 mai, deux jours avant l’arrivée de Li Keqiang, une séance à l’assemblée nationale a été écourtée après que plusieurs députés se soient écriés « Renvoyez la Chine chez elle et sauvez le pays ». Ailleurs des drapeaux chinois ont été brûlés. Selon des sources indiennes, le Premier Ministre Singh aurait dès son arrivée précisé à Li Keqiang que les relations bilatérales ne pourraient pas réellement progresser tant que la question des frontières ne serait pas résolue.


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