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Le Parti à l’épreuve de la démocratie

Un Parti devenu vulnérable dans une Chine dynamique

Contrairement aux idées reçues, le Parti communiste chinois – plus de 82 millions d’adhérents en augmentation – n’a pas la solidité, ni la confiance en lui que laisseraient présager ses effectifs pléthoriques. Cheng Li voit en effet quelques signes de doutes dans la nervosité affiché par l’appareil lors des révolutions arabes, dont les effets ont conduit le pouvoir à fermer la porte des réformes politiques et à augmenter sensiblement le budget de la sécurité publique, qui, en 2012, a dépassé celui de la défense.

Un autre symptôme de faiblesse est l’ampleur de la fuite de capitaux et l’épidémie des Luo Guan – fonctionnaires qui envoient leurs familles à l’étranger (Lire aussi : Les 裸官 – Luo Guan -, « fonctionnaires nus », dans le collimateur) - signes que les élites doutent de la pertinence du modèle chinois que le Parti tente de promouvoir.

En 2011 la Banque Centrale faisait état de l’exode hors de Chine de 800 Mds de Yuans (98 Mds d’€) entre 1990 et 2008. Et, selon un rapport interne du département d’Organisation du Parti, plus de 6000 cadres des 126 grands groupes publics ont envoyé leur famille proche à l’étranger où elles sont installées à demeure avec en poche un passeport étranger en bonne en due forme.

Plus encore, dans la province de Canton, la moitié des 1000 cas graves de corruption par des hauts dirigeants, objets d’enquêtes de police, s’est produite dans des groupes publics, tandis que 70% de ceux en fuite à l’étranger appartiennent à des entreprises d’état ou l’administration des finances.

L’impression de doute et de fragilité est encore accentuée par la multiplication des interventions d’officiers de l’APL qui, soit réclament une amélioration de la gouvernance et plus de démocratie, soit remettent vertement en cause le pouvoir politique.

En 2011, le général Liu Yuan commissaire politique du département logistique de l’état-major général, qui exhorte souvent le Parti à se détourner des modèles occidentaux, écrivait dans la préface d’un ouvrage radicalement conservateur, écrit par Zhang Musheng 张木生 (« Changer notre vision de la culture et de l’histoire » -改造我们的文化历史观 - Gaibian Women de Wenhua Lishe Guan), « Récemment et par le passé, les secrétaires généraux du Parti ont trahi ou désavoué tellement de choses, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays, qu’il est impossible d’en dresser la liste ».

Dans un discours très controversé, Zhang a lui-même expliqué qu’aujourd’hui, « la Chine était dirigée par des responsables faibles et incompétents ». Lire aussi : Congrès du Parti. Ruades militaires et perspectives pour la CMC.

Après cette charge qui démonte méthodiquement l’idée, véhiculée par nombre d’observateurs, que le PCC est à la fois en situation de force et capable de résister aux élans démocratiques, Cheng Li rappelle que, contrairement au Parti, la Chine n’est pas au bord de l’effondrement, mais bel et bien engagée dans une montée en puissance qui, en dépit des à-coups, n’est pas fondamentalement menacée.

La croissance forte continuera pour les dix années qui viennent et au-delà, essentiellement grâce à une solide base industrielle, des infrastructures modernes, un taux d’investissement et d’épargne élevés, des réserves de change impressionnantes, un vaste marché intérieur, des ressources humaines nombreuses et de qualité, et surtout un élan, aujourd’hui à l’œuvre, pour ajuster le schéma de développement autour des principes d’une forte consommation intérieure et du respect de l’environnement.

Il ajoute que l’atout majeur de l’avenir, est bien qu’après avoir été l’auteur d’un miracle économique, le peuple chinois ne s’arrêtera pas à la « porte de la démocratie ». L’actuelle crise de légitimité du Parti sera, selon lui, le ferment d’un système politique moins corrompu, plus responsable et plus représentatif du peuple, mis en mouvement par sa classe moyenne.

Il met cependant en garde la nomenklatura contre la tentation d’immobilisme : « L’éloignement du spectre d’un soulèvement populaire passe par de réelles et systématiques réformes démocratiques ».

Alors que le Parti doit très vite comprendre qu’il ne peut plus se placer au-dessus des lois et de sa propre constitution, les réformes devraient porter sur l’indépendance de la justice, l’état de droit et la liberté des médias – obligatoire face à l’avalanche des réseaux sociaux et l’explosion des rumeurs, conséquences de la censure -.

Enfin, tout en reconnaissant que la Chine n’est pas le seul pays dont la gouvernance et la classe politique sont hésitantes, incohérentes et fragiles, Cheng Li conclut sa présentation par une remarque où il mêle à la fois l’espoir que l’appareil qui gouverne aujourd’hui sa patrie d’origine aura le courage d’affronter les défis de la démocratie et la crainte que la machine ne se laisse paralyser par la série de contraintes politiques décrites tout au long de son article : « Soit le Parti accepte de changer pour se placer du bon côté de l’histoire, soit il sera laissé pour compte ».


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