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›› Lectures et opinions

Le triangle Chine – Japon – Etats-Unis entre raison et émotion. Quelle sortie de crise ?

La force extravagante des émotions. Un artiste dénonce l’absurde.

Comme souvent, les Chinois ont vivement réagi aux provocations japonaises. Plus ou moins justifiées par le pouvoir à Pékin, des protestations encadrées et contrôlées par le Parti ont éclaté dans toute la Chine. Des personnes ont été attaquées, soit parce qu’elles étaient japonaises, soit parce qu’elles possédaient des voitures japonaises. Des sites internet japonais ont été victimes d’intrusions, probablement depuis la Chine, le ministre de la défense Liang Guanglie a évoqué des actions de représailles, tandis que des garde-côtes chinois pénétraient dans les eaux territoriales japonaises, provoquant une réaction en retour des unités de surveillance côtière japonaises.

Compte tenu de la sensibilité nationaliste de l’affaire, peu de voix se sont élevées en Chine ou au Japon contre les dérapages de la déraison menaçant à la fois la sécurité de la zone, les affaires commerciales et industrielles ainsi que les échanges culturels. Ce silence apeuré a été rompu le 28 septembre par le célèbre écrivain Haruki Murakami, un des plus sérieux prétendants au prix Nobel de littérature 2012, en même temps que – clin d’œil étrange et ironique du destin – le Chinois Mo Yan, lui aussi parmi les favoris. (Lire l’article Novelist Murakami Weighs In on Japan Territorial Rows sur le site Japanrealtime).

L’article publié en première page de l’Asahi Shimbun interpelle la raison et la responsabilité des hommes politiques, qu’il compare à des ivrognes inconscients et en appelle à la sagesse populaire. « En temps qu’écrivain à la fois asiatique et japonais, je crains que les efforts consentis depuis des décennies pour mieux comprendre nos voisins asiatiques ne soient compromis ».

Mais bien que choqué par le boycott des livres japonais par les libraires chinois, il a exhorté ses compatriotes à ne pas riposter, expliquant que l’effet des vengeances se retournerait contre eux, regrettant que les sentiments nationalistes fassent à ses compatriotes comme aux Chinois l’effet d’un mauvais alcool. « C’est comme s’enivrer avec du saké bon marché. A peine une petite coupe et le sang leur monte à la tête. Les gens se mettent à parler plus fort, deviennent violents et créent de bruyants désordres. Le lendemain matin il ne reste qu’un mauvais mal de tête ».

Agacé par les attitudes des responsables au pouvoir, il continue, incitant la société civile japonaise à rester circonspecte : « si les politiques et ceux qui « tapent dans les gamelles » s’agitent, le peuple, au moins, doit rester calme ». Auteur surréaliste, il rappelle un passage de son livre « Chronique de l’oiseau à ressort » (Le Seuil 2001, Belefond 2012), qui met en scène une bataille sanglante entre des soldats japonais et des unités russes renforcées de mongols, pour la maîtrise d’une bande de terre aride dans le désert de Mongolie : « Au milieu du désert, jonché de douilles, je me demandais pourquoi tant de vies avaient été sacrifiées pour cette bande de terre inhabitée et stérile ».


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