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Le triangle Chine – Japon – Etats-Unis entre raison et émotion. Quelle sortie de crise ?

Quelle sortie de crise ?

Alors que les chiffres indiquent une forte récession des affaires japonaises en Chine, notamment dans l’automobile, où la baisse des ventes de Toyota, Mazda, Nissan oscille entre 30 et 40%, et que la capacité de médiation des Etats-Unis est fortement compromise par les initiatives nationalistes de la droite radicale dont les chances de revenir au pouvoir augmentent, le plus grave est peut-être qu’aucune stratégie claire de sortie de crise n’a été mise en avant par aucune des parties.

Alors que le statu quo ante de la mise sous le boisseau des affaires de souveraineté est en train de voler en éclats, que Pékin, dont la stratégie est probablement plus rationnelle qu’on le dit, réfléchit à la meilleure riposte possible, dans un contexte où il est probable que ses revendications soient fondées, tandis que Tokyo nie jusqu’à l’évidence du problème, répétant que les Senkaku sont territoire japonais et qu’il n’y a donc pas lieu à débat, les perspectives envisageables à court terme sont toutes pessimistes, encore aggravées par la possibilité d’un retour au pouvoir de la mouvance radicale à Tokyo.

Dans une note datée du 4 octobre, Jeffrey Hornung, professeur associé de l’Asia Pacific Center et membre du bureau des Affaires japonaises du Centre des Etudes Internationales et Stratégiques de Washington (CSIS), propose un chemin de sortie de crise.

De son point de vue, la balle est clairement dans le camp du Japon, responsable des provocations et de la rupture du statu quo. Il avance, qu’après avoir reconnu la réalité des faits et l’existence de la querelle territoriale, la meilleure initiative possible pour Tokyo serait de porter l’affaire devant la Cour de Justice Internationale. Sans préjuger de la réussite de la démarche, qui suppose que Pékin accepte la procédure, elle aurait au moins l’avantage de crédibiliser la volonté du Japon d’une solution pacifique et définitive de la querelle.

Constituant un acte courageux sans précédent de la part d’un gouvernement responsable, l’initiative aurait pour première conséquence de corriger l’impression d’hypocrisie qui entoure les attitudes japonaises vis-à-vis de l’autre querelle territoriale opposant Tokyo et Seoul à propos de l’îlot Tokdo/Takeshima. Sur cette question, le Japon est en effet dans la position exactement inverse, contestant à la Corée du sud une souveraineté sur un territoire, alors que Seoul, comme Tokyo dans le cas des Senkaku, nie jusqu’à l’existence même du problème.

La saisine de la CIJ sur ces deux questions par le Japon aurait également l’avantage d’opposer une perspective rationnelle juridique à la dangereuse déraison des émotions nationalistes, tout aussi explosives dans la querelle sino-coréenne que dans celle de Senkaku / Diaoyutai. Elle contribuerait aussi à placer Pékin et Séoul devant leurs responsabilités.

Evidemment, cette stratégie de sortie de crise supposerait d’abord un accord des trois parties pour cesser les surenchères nationalistes et, ensuite, suffisamment de sens des responsabilités, non seulement pour laisser la place aux juristes et aux juges, mais également et surtout pour accepter leurs conclusions. Une hypothèse qui, aujourd’hui, tient de la chimère.


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