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Les affres du Gaokao. L’université entre réformes et tradition

La période est probablement l’une des plus éprouvantes de toute leur vie pour la dizaine de millions d’adolescents et leurs parents (l’effectif a doublé depuis 2002), qui vont tenter de réussir au Gao Kao, - raccourci pour 高等考試 gao deng kaoshi - l’examen d’entrée à l’université qui se tient chaque année au cours de la 2e semaine de juin.

Une épreuve nationale oppressante. Affairisme, fraudes et psychose.

Dans toute la Chine, grandes villes, villages et campagnes, les parents et la famille feraient presque n’importe quoi pour que leur enfant réussisse à cet examen, premier pas indispensable d’une promotion sociale, dont plus de 40% seront écartés.

Chaque année l’épisode ravive l’ancestral respect, teinté d’espoir attaché aux examens nationaux, viatiques pour une vie meilleure et une ascension dans l’échelle du pouvoir et de la richesse. Un échec changera la vie, non seulement de l’adolescent, mais également de la famille, dont il est souvent l’unique enfant. Même si le taux d’admission a considérablement augmenté en 30 ans (inférieur à 5% en 1977, il est aujourd’hui supérieur à 60%), le stress des candidats et des parents reste le même.

De longues semaines avant l’épreuve, les millions d’adolescent travaillent 10 à 14 heures par jour, cherchant à mémoriser par cœur des sommes considérables de connaissances, tandis que la famille les gave de fortifiants et écume les temples pour solliciter la mansuétude des esprits.

C’est qu’aujourd’hui on cherche non seulement la réussite à l’examen, mais également l’accès à l’une des fameuses universités de Chine, dont le nom résonne dans toutes les consciences comme un sésame. Ainsi - et c’est une des critiques les plus fréquentes adressées au système -, s’il est vrai que le Gao Kao se démocratise, son caractère élitiste perdure par le biais de la sélection à l’entrée des établissements les plus en vue, à Pékin et dans les grands centres universitaires des provinces.

Sans surprise, l’événement apporte son lot d’affairisme, d’effets pervers et de dérapages que la presse chinoise s’empresse de rapporter avec force détails. En amont des épreuves fleurissent quantité d’établissements de soutien scolaire, promettant le succès moyennant finance. Certaines écoles à la discipline quasi militaire, assidument fréquentées par les enfants de la bourgeoisie, affichent des tarifs allant jusqu’à 5000 € par an, très en-dessus des capacités financières de la plupart des familles.

Les candidats et leurs familles déploient aussi des trésors d’ingéniosité pour tricher. Chaque année des milliers de fraudeurs sont épinglés par la police, souvent organisés en groupes, avec la participation des parents. Les tricheries vont de la tentative de corruption des professeurs, à l’utilisation d’émetteurs récepteurs, parfois même de scanners miniaturisés pour transmettre les sujets à l’extérieur et les réponses aux candidats en retour.

Pour ceux qui sont pris la main dans le sac, les sanctions encourues sont variables et peuvent aller jusqu’à plusieurs années de prison pour les parents. Mais pour les candidats, elles sont parfois étonnamment légères. S’ils reconnaissent leur faute et demandent pardon, ils sont souvent autorisés à se représenter l’année suivante.

Mais cette année c’est un autre incident qui a attiré l’attention des médias et des internautes. Au collège N°1 de Xiaogan, une préfecture du Hubei, comptant 300 000 habitants et située à 60 km au nord de la vallée du Yangzi, le professeur d’une classe préparatoire au Gaokao, constatant la demande pressante et renouvelée des élèves pour des fortifiants a décidé d’organiser une séance collective de perfusion en classe.

Immédiatement la photo, quelque peu insolite et vaguement inquiétante de cette classe de 20 élèves appliqués à leurs révisions avec, accrochés au plafond au-dessus de leur tête, les sacs translucides des perfusions d’acides aminés, a fait le tour du net comme une trainée de poudre.

Si certain ont stigmatisé les risques d’infection des transfusions effectuées sans hygiène, les journaux nationaux comme le Global Times ou le China Daily s’emparèrent de l’affaire, pour relancer le débat sur le Gaokao, dont beaucoup contestent la pertinence, critiquant son caractère éprouvant pour les élèves et exagérément sélectif, tout en dénonçant sa nature rigide et compassée qui teste plus la mémoire que les aptitudes intellectuelles.


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