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Les affres du Gaokao. L’université entre réformes et tradition

Réformer le Gaokao.

Vue des pays occidentaux, qui depuis longtemps focalisent leur sélection initiale plus sur les capacités et le potentiel que sur la somme des connaissances ingurgitées, une réforme du Gaokao paraît à la fois nécessaire et logique. Suivant ce raisonnement, nombre de chercheurs chinois ont également identifié qu’un examen de remplacement devrait constituer « un indicateur objectif des performances et aptitudes académiques des candidats ».

Plusieurs solutions ont déjà été mises en avant ou même expérimentées de manière décentralisée qui, avec un système de bonus, accordent une importance aux résultats scolaires de l’année, ou prônent un oral qui allègerait à la fois les exigences et la rigueur du Gaokao traditionnel, et permettraient de mieux évaluer les candidats, dans une atmosphère moins traumatisante.

Mais en Chine, il faut toujours compter avec le souci de l’égalité des chances et la peur de la corruption. Ne pas défavoriser les candidats des zones rurales pauvres, éviter l’intrusion de parents influents et les tentations inévitables de pots de vin, privilégier l’égalité des chances sont autant de priorités encore très présentes dans l’esprit des réformateurs.

Jiang Xueqin, un jeune enseignant chinois, aujourd’hui vice-directeur du Collège attaché à l’Université de Pékin - Beijing Daxue Fushu Zhongxue 北京大學附屬中學 -, mais ayant eu une solide expérience internationale comme attaché de presse aux Nations Unies, confirme cette analyse.

Prenant en compte les lourdes contraintes de la situation chinoise, accablée par le nombre, le manque de ressources financières, la culture des passes droits et la faiblesse de l’état de droit, il défend le Gaokao, ce sésame vers l’université, presqu’uniquement fondé sur la capacité de mémorisation et considéré par lui comme un moindre mal.

Son argumentation s’articule non seulement autour du manque de ressources financières, talon d’Achille de tous les projets sociaux ou éducatifs, mais également sur l’inégalité fondamentales entre les candidats issus des familles riches et les autres, entre ceux ayant baigné dans un univers cultivé et ceux qui en seront toujours privés.

Il dénonce aussi les passes droits qui s’expriment déjà aujourd’hui et dont les effets seraient encore plus injustes si les candidats issus des milieux défavorisés ne pouvaient pas se prévaloir de leur mémoire pour équilibrer les avantages financiers, culturels et sociaux dont bénéficient les enfants des « riches ».

Sa conclusion est marquée d’un solide réalisme et teintée de résignation : « Si après avoir supprimé le « Gaokao », on voulait instituer un système juste et équilibré, il est fort probable que les considérations de justice et d’égalité des chances, conduiraient à recréer un autre « Gaokao », assez proche de celui qui existe aujourd’hui, seule alternative viable.

Certes l’image des enfants apprenant par cœur et régurgitant mécaniquement ce qu’ils ont emmagasiné est décourageante. Pour le reste de leurs jours, ils souffriront du manque d’initiative, d’imagination, et de jugement.

Mais la plupart des gens oublient que, dans l’absence totale de confiance qui entourerait une sélection basée sur un examen oral, ajoutée à la pauvreté générale des étudiants qui les prive des moyens de corrompre les examinateurs, le Gaokao, tel qu’il existe, reste pour le meilleur et pour le pire, la manière la plus juste et la plus humaine de redistribuer les faibles ressources dédiées à l’éducation ».


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