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›› Editorial

Les non-dits des vœux de Xi Jinping et la posture nucléaire chinoise

Non-dits de la pandémie et faces cachées de la stratégie vaccinale globale.

Quand les vœux de Xi Jinping glosent sur les éloges des organisations internationales adressés à la Chine pour sa gestion de la pandémie et sa politique globale ayant distribué deux milliards de doses de vaccins à 120 pays, il passe sous silence que le 30 mars 2021, le Directeur Général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, exprimait des doutes sur le rapport d’enquête de la mission d’experts chinois et internationaux à Wuhan de janvier 2021.

Pour lui, qui signale que de nombreuses questions restent sans réponse, toutes les hypothèses « sont encore sur la table », y compris celle d’une fuite au laboratoire de haute sécurité P4, qu’il a expressément évoquée.

Son commentaire ripostait aux efforts de Pékin qui durèrent une année, pour tenir à distance une enquête indépendante et exhaustive sur les origines de la pandémie. « Je ne crois pas que l’hypothèse de la fuite au laboratoire ait été étudiée de manière exhaustive. Il sera nécessaire de procéder à d’autres enquêtes pour parvenir à des conclusions plus robustes. »

Toujours le 30 mars, 14 pays dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Tchécoslovaquie, le Danemark, les trois pays baltes, Israël, le Japon, la Norvège, la Corée du sud, la Slovénie et le Royaume Uni publièrent un communiqué où, tout en exprimant leur solidarité et leur soutien à l’OMS, ils firent état de leurs soucis communs.

Ces derniers avaient trait au retard imposé à la mission d’évaluation en Chine ; à la nécessité d’une réaction plus rapide à l’avenir ; à la rareté des sources directes consultables mises à disposition par la Chine ; à l’indépendance des experts et, par-dessus tout à la persistance d’un sentiment de défiance généré par les atermoiements de Pékin, laissant mal augurer d’une meilleure réaction globale à l’avenir.

Les autres réalités abritées derrière les éloges adressées à la Chine soulignés par Xi Jinping concernent l’utilisation du vaccin comme un levier de pressions stratégiques. Elles sont documentées par une note du CSIS du 17 novembre 2021. https://www.csis.org/analysis/shot-heard-around-world

Au Paraguay où, comme de nombreux pays d’Amérique du sud, seulement une faible part de la population est vaccinée, les besoins pressants du pays, associés au manque d’assistance vaccinale des États-Unis et de l’Europe, ont laissé libre cours au chantage chinois visant à obliger Asuncion à rompre ses relations avec Taïwan.

Un article du Figaro du 21 avril 2021 rendait compte de la réaction du Président Mario Abdo Benitez disant qu’il n’accepterait aucune forme de chantage de Pékin qui se récusa en niant l’allusion à une pression politique.

En Algérie, le vaccin Sinovac est arrivé alors que le gouvernement d’Alger promettait de ne pas critiquer les violations des droits commises par Pékin à Hong Kong.

Au Brésil, Sinovac a été livré à peu près au même moment où Brasilia réinvitait de manière inattendue le géant chinois des télécommunications Huawei à se joindre à la construction du réseau sans fil 5G, inversant sa politique précédente qui, à la remorque de Washington, interdisait la technologie Huawei.

A Manille le Président Rodrigo Duterte avait déjà, à l’automne 2020, manifesté sa gratitude à Pékin en acceptant, malgré l’opposition de son opinion publique, les réclamations chinoises sur les récifs de Scarborough, en échage des vaccins chinois.

A l’été précédent, il avait déjà exprimé ce renoncement territorial en expliquant dans un discours aux parlementaires philippins que la Chine était « maître de la mer de Chine du sud et qu’il n’y avait rien à y faire ».

Aussitôt Pékin annonçait que les Philippines étaient placées sur la liste de pays prioritaires pour le vaccin.Deux mois plus tard, au cours d’une réunion ministérielle, Duterte expliquait que « l’avantage avec les Chinois, était “qu’ils donnaient sans qu’on leur demande“, alors que les pays Occidentaux n’avaient en tête que le profit ».

Kuala Lumpur a également été placé sur la liste prioritaire par Wang Yi le ministre des Affaires étrangères. Mais il l’a fait en demandant en échange la libération de 60 pêcheurs chinois arrêtés dans les eaux territoriales malaisiennes.

*

Trois jours après les vœux du Président aux Chinois, le 3 janvier, Pékin signait une déclaration commune avec les P5, affirmant leur détermination commune à éviter le dérapage vers un conflit nucléaire des actuelles tensions globales.

Ces dernières montent en Europe à propos de l’Ukraine où Moscou négocie directement avec Washington et l’OTAN par-dessus la tête de Bruxelles ; elles se cristallisent aussi en mer de Chine du sud et dans le Détroit de Taïwan, en partie attisées par l’obsession souverainiste de Pékin.

Comme le discours de Xi Jinping, la déclaration des P5 vaut surtout par ce qu’elle ne dit pas.


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