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›› Editorial

Les non-dits des vœux de Xi Jinping et la posture nucléaire chinoise

La Chine et la stratégie nucléaire des P5.

Vue comme une garantie par les « détenteurs reconnus » que les tensions en cours ne monteront pas aux extrêmes destructeurs, la déclaration ne peut manquer de rappeler que le retour des politiques de puissance des États-Unis, de la Chine et de la Russie rabaisse l’Europe au rôle de spectateur dont le territoire serait un enjeu ;

Ensuite que, dans l’esprit de certains, notamment aux États-Unis, où le « no first use » est entouré d’une grande ambiguïté, l’emploi de l’arme nucléaire tactique restait une option, même s’il est clair que la déclaration semble exprimer in-extremis une prise de conscience.

La crainte a été partagée en décembre par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui, dans une tribune, avait agité une cloche apocalyptique : « Compte tenu du stockage de plus de 13 000 armes nucléaires dans les arsenaux du monde entier, combien de temps notre chance peut-elle durer ? » (…)

Il suffirait d’un malentendu ou d’une erreur d’appréciation pour entraîner non seulement la souffrance et la mort à une échelle effroyable, mais aussi la fin de toute vie sur Terre ».

En réalité, explique Marc Finaud, expert en prolifération au Centre Politique de Sécurité de Genève (GCSP), la déclaration tente de revenir aux fondamentaux de la dissuasion que la récente montée des surenchères stratégiques entre Pékin, Moscou et Washington avait contribué à faire oublier.

Le concept de guerre nucléaire « inimaginable » avait été évoqué en 1985 à Genève par les chefs d’État russes Mikhail Gorbatchev et américain Ronald Reagan. Mais « il n’avait jamais été repris par l’ensemble du P5. »

Le non-dit, souligné par Emmanuelle Maître de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), est cependant, qu’à trois semaines de la 10e Conférence d’examen des parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires du 24 au 28 janvier 2022, que les « Cinq Permanents » s’étaient bien gardés de cautionner, aucun des signataires de la déclaration commune du 3 janvier n’entend renoncer à son arsenal. La Chine moins que les autres.

Prétextant que ses armes, dont le nombre ne cesse d’augmenter tout comme leur mobilité, leurs capacités furtives et leur précision, sont purement défensives et notablement moins nombreuses que celles de Washington et Moscou, elle refuse toute participation aux dialogues de réduction.

Nouvel an et JO d’hiver, deux échéances sensibles.

Alors que l’appareil est confronté aux défis encore mal cernés de l’émergence du « variant Omicron », les vœux de Xi Jinping se terminaient par l’évocation des jeux olympiques d’hiver. Ils sont une des deux échéances majeures de ce début 2022 avec le nouvel an chinois. Et déjà sous tensions par les probables décisions de boycott d’une partie des officiels occidentaux – une occurrence qui ne gênera l’événement qu’à la marge dit Wang Yi le MAE qui fustige la mesquinerie occidentale -.

De fait, si la vague des nouveaux cas ne faiblissait pas d’ici début février, tout indique que les jeux se dérouleront sous une « bulle » aussi hermétique que possible qui isolera les athlètes du public.

L’autre défi des JO est politique. Les athlètes et les personnes autorisées sur les stades, les pistes et leurs alentours, seront étroitement surveillés pour tenir à distance toute manifestation de protestation.

Depuis le Xinjiang, la répression à Hong Kong, la question du Tibet, la récente affaire de harcèlement sexuel contre la star de tennis Peng Shuai, qui électrise la version chinoise de la mouvance « me too » les sujets ne manquent pas.

L’objectif du Parti est d’éviter à tout prix que soit perturbé l’ordonnancement des événements mis en scène pour affirmer une fois de plus la puissante capacité d’organisation de l’appareil. Elle avait stupéfié le monde aux JO de 2008. Avec 100 médailles dont 51 d’or gagnés par les athlètes chinois qui dominèrent sans conteste la compétition, les jeux furent une apothéose pour l’appareil.

Détail intéressant, il y a quatorze ans, le responsable en charge des Jeux d’été qui furent un triomphe, était le Vice-président chinois. Entré au Comité Permanent en 2007, il s’appelait Xi Jinping.


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