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Pékin ce n’est pas de la tarte

Tout avait donc commencé deux semaines auparavant. J’avais les deux pieds sur mon bureau, à ras de mon gobelet de café fumant, dans la position du travailleur pensif. Je venais de finir la lecture du Herald, de Gala et de Libé et je m’apprêtais à retourner à ma note sur les problèmes de connexions de la Chine au réseau I-24/7, en me disant qu’il me faudrait bientôt reprendre mon bâton de pèlerin pour repartir à Pékin. Mais j’avais un problème qui tenait de la quadrature du cercle : il me restait pas mal de boulot à finir, soit... Mais il me fallait également utiliser mon reliquat de vacances avant l’été, et mon stock de RTT frôlait la limite de tolérance imposée par l’Inspection du Travail. Et par-dessus tout ça -aurait chanté Bécaud avec l’accent qui se promène... Mais qui chante encore Bécaud ?- il me fallait trouver un remplaçant pour mes cours à Dauphine... La situation était critique et requérait une solution énergique. J’avais donc reposé mon dossier I-24/7 et je m’étais replongé dans le calcul de mes RTT...

C’est à cet instant imprécis que mes méditations profondes furent intempestivement interrompues par la sonnerie agressive du bigophone des années cinquante qui répondait sur ma ligne directe.

Cette sonnerie avait la délicatesse d’une alarme de pompier et l’appareil, la silhouette gracile d’un héron amputé des deux pattes... Mais j’avais hérité de cette antiquité lors de mon entrée au ministère, manière de me bizuter afin de me faire comprendre que les derniers arrivés, surtout quand ils n’appartenaient pas directement au service central, ne pouvaient pas prétendre aux meilleurs équipements...

Depuis, les gens du Ministère m’avaient adopté et s’efforçaient, dès qu’ils le pouvaient, d’effacer les traces de leur ancienne mesquinerie en me proposant régulièrement de nouveaux appareils tous plus modernes les uns que les autres, avec reconnaissance du numéro d’appel entrant, conférence call et tous les gadgets capables de vous rendre la vie complètement impossible. Ma lutte pour garder cette pièce de musée était un combat incessant ; il se passait rarement un jour sans qu’un employé zélé du ministère ne vienne tenter un hold-up discret. J’étais donc obligé de rester perpétuellement sur mes gardes et de prendre des précautions appropriées en l’enfermant dans un tiroir tous les week-ends ou durant mes déplacements, de peur de trouver sur mon bureau, à mon retour, un de ces trucs hyper technologiques, couverts d’acné électronique et complètement déshumanisés...

Je pestai intérieurement contre l’importun qui venait troubler mes réflexions, décrochai le combiné de sa fourche belle époque et tombai sur André, le maire d’Espelette qui me proposa, de but en blanc, de l’accompagner, toute affaire cessante, en Chine, où il devait rejoindre Dulion, le patron de Total, pour une expédition dans le fin fond de l’Empire du Milieu, dans le Sichuan, en plein cœur de nulle part, sur les traces du Père Armand David, un missionnaire lazariste de la fin du XIXe siècle... Le tout annoncé d’une seule traite ...

Je pris quelques secondes pour remettre mes idées en place. Vous connaissez Espelette ? Je vous en dis deux mots en passant, mais le mieux est encore d’y faire un tour lors de vos prochaines vacances... C’est un petit village du Labourd, l’une des sept provinces basques. Espelette est surtout connu pour son piment, mais s’enorgueillit également d’avoir donné le jour à la première Miss France (si, si... sa photo est affichée dans les étages de la mairie), à Monseigneur Etchegary, un cardinal, aussi écouté, si ce n’est plus, que le Secrétaire Général de l’ONU... Mais aussi au Père David, un érudit naturaliste, qui, dans les années 1860, non content d’avoir tenté de convertir des âmes des contreforts du plateau tibétain, était devenu célèbre pour avoir, le premier, répertorié et fait connaître au grand public le grand panda qui, jusqu’alors, broutait ses bambous dans l’indifférence quasi générale.


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Par ErLangShen Le 6/10/2006 à 18h46

> Pékin ce n’est pas de la tarte

Il y a des moments comme çà où on ne voudrait pas que çà s’arrête, surtout en pleine courante...
Peut-on savoir si l’auteur de ces lignes inénarrables est aujourd’hui (DuanWu 2006) dans ce beau pays ?

Site indiqué : http://www.questionchine.net/articl...

Par Lé Hèm Le 14/01/2007 à 14h12

> Pékin ce n’est pas de la tarte

Bonjour Monsieur Gedoie,

Si vous avez besoin d’un outil de recherche avancée *, technologie 1980, en complément de votre téléphone j’en tiens un à votre disposition ...
Je viens de me plonger dans la lecture de votre dernier roman.

Plus que l’intrigue policière, c’est les tranches de vie, les moments de vie qui m’interessent (cf « le vendeur de sang »). Aujourd’hui, je suis attirée par les « impressions de chine », vos regards sur la chine.

Merci de satisfaire ma curiosité :
le cerf à queue de vache ...est-ce une réalité encore de nos jours ?

Bref, j’arrête là...pour poursuivre ma lecture... car j’ai envie de poursuivre.

* je viens de retrouver le nom : « minitel »
.........disponible à STRASBOURG

Par Anonyme Le 9/02/2007 à 10h52

> Pékin ce n’est pas de la tarte

trés bien super je suis entousiasmer par votre solution de défense des hipopotames en vois de reproduction selon le théoreme du pandatisme mais je sais que cela n’aurais pas pu se passé ds une ville comme naintré

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