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Syrie. Pékin contre Washington, Ankara, Paris et Ryad

Inconvénients et risques d’une opération militaire.

La petite cohorte de nations (Washington, Ankara, Ryad, Paris) qui envisagent de s’engager militairement a exclu l’envoi de troupes au sol et le Congrès des États-Unis n’a autorisé qu’une opération de 60 jours, avec une extension possible d’un mois. Ce qui nous place dans le schéma d’une guerre technologique à distance qui affaiblira sans doute les capacités militaires de Damas, mais dont on peut contester l’efficacité humanitaire, avec des objectifs stratégiques flous et des risques de dommages collatéraux sur des populations civiles compte tenu de l’imbrication des combats urbains.

A quoi s’ajoutent les aléas militaires liés aux capacités anti-aériennes de l’armée syrienne bien supérieures à celles de la Libye qui, pour les pays qui engageront des moyens aériens, laissent présager des pertes humaines et matérielles plus importantes que lors de la guerre contre Kadhafi, dont la propagande anti occidentale, déjà échauffée par les dommages infligés aux civils ne manquera pas de tirer profit. Sans compter qu’une attaque militaire contre la Syrie pourrait accélérer le programme nucléaire militaire iranien.

Un papier du 1er septembre de l’International Crisis Group de Bruxelles (Syria Statement), dont les vues sont proches de celles de Pékin, affirme sans ambages que si les États-Unis décidaient d’attaquer la Syrie avec quelques un des leurs alliés, « ils le feraient pour des raisons très éloignées des intérêts des populations syriennes ».

Le communiqué rappelle que les objectifs avancés par Washington 1) « punir, dissuader et prévenir l’utilisation d’armes chimiques », et 2) affirmer la crédibilité de la Maison Blanche qui avait fixé une « Ligne Rouge » n’apporteront aucune amélioration à la situation des populations. Ces dernières n’éprouveront un soulagement que si les combats cessaient, ce que l’intervention aérienne ne parviendra de toute évidence pas à réaliser.

Il ajoute que des attaques par missiles, quelle que soit leur précision, augmenteront la précarité de la situation générale sans apporter une solution. Elles seront de surcroît conduites dans un contexte où, compte tenu de l’expérience irakienne quand les frappes avaient été déclenchées sur une tromperie, Washington ne parviendra jamais à suffisamment de légitimité pour faire contrepoids au scepticisme anti-américain d’une bonne partie de la communauté internationale qui continuera à dominer largement les esprits.

S’il est vrai que les frappes pourraient décourager l’utilisation ultérieure d’armes chimiques, la dissuasion jouera peu si le régime avait à lutter pour sa survie. Sans compter que les manipulations des rebelles pourraient tenter de faire porter sur Damas la responsabilité d’une de leurs attaques chimiques.

L’intervention armée pourrait également déclencher une escalade brutale dans la région et de possibles représailles du Hezbollah. Puisqu’elles n’ont pas pour objet d’abattre le régime, il est également possible que leurs effets soient limités dans le temps, tandis qu’elles pourraient contribuer à rallier des appuis « anti-occidentaux et anti impérialistes » tout en dissuadant, au moins pour un temps, Bashar el Assad de négocier.

Pour l’ICG la seule solution efficace – dont les frappes nous éloigneraient peut-être définitivement - serait d’entamer des négociations avec l’Iran, tout en étudiant à terme avec Téhéran, la Chine et la Russie une porte de sortie négociée pour Bashar el Assad. Dans le même temps il s’agirait de garantir la pérennité des institutions et de l’armée, et d’empêcher que la société civile soit l’objet de représailles. Dans cette affaire la main devrait être laissée aux pays arabes, travaillant sous houlette de L. Brahimi, l’envoyé conjoint de la Ligue Arabe et de l’ONU.


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