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NOTES (1)
Qui dirige la politique étrangère chinoise ?
Les médias occidentaux se sont beaucoup focalisés sur les personnels visibles de la politique étrangère chinoise et, lors de la 12e ANP en mars 2012, sur la nomination de Wang Yi au poste de ministre, et la promotion de son prédécesseur Yang Jiechi au rang de Conseiller d’Etat, en remplacement de Dai Bingguo. S’il est vrai que leur rôle de représentation et la manière dont ils s’en acquittent relaye la politique de la Chine, ce qui n’est pas négligeable, il n’en reste pas moins que le pouvoir des Affaires extérieures de la Chine est ailleurs.
Ni Yang Jiechi, ni Wang Yi le ministre ne sont membres du Bureau Politique et leur rang au sein du Parti est subalterne. Au sein du « Groupe dirigeant pour les Affaires extérieures », dont la direction est assurée par Xi Jinping lui-même, entouré de poids lourds comme Li Keqiang ou le ministre de la défense Chang Wenquan, leurs voix comptent moins et doivent composer avec les préoccupations de politique intérieure, parfois incompatibles avec une politique étrangère de long terme.
Il est, par exemple, bien connu que les relations Chine Japon sont en partie tributaires des flambées de nationalisme qui, de manière récurrente, viennent troubler le jeu entre Tokyo et Pékin. De même, le nationalisme peut-être un obstacle au réajustement des stratégies chinoises en Mer de Chine du Sud ou gêner la remise à plat des stratégies l’égard de Pyongyang.
L’Occident désarme, l’Asie réarme.
Selon la dernière édition de « Military Balance » de l’IISS de Londres, alors que l’Occident réduit ses dépenses militaires, l’Asie modernise ses équipements. En 2011, les hausses des budgets de la défense ont été en moyenne de 3,1% en valeur réelle, après correction de l’inflation. Ce sont la Chine, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et l’Australie qui concentrent 80% des dépenses militaires de l’Asie.
Le budget chinois est en tête avec plus de 60% des dépenses (Australie compris) et une augmentation de 400% entre 2000 et 2012. En 2011 et 2012, les médias ont fait grand cas des avions modernes, tels que le J.20 ; ils ont aussi diffusé une profusion d’images du porte-avions Dalian, et ont anticipé une rupture de l’équilibre stratégique entre La Chine et Taïwan. De même les progrès des capacités chinoises de « cyberguerre » et de la marine de l’APL ont alerté le Pentagone qui estiment avec l’IISS, que la Chine est en train de se donner les capacités de s’engager sur des théâtres éloignés de ses frontières.
Mais, soucieux de relativiser la réalité de la menace militaire chinoise, le « Think tank » de Londres indique aussi que « les avancées technologiques de l’APL sont bien plus modestes que ne le suggèrent les hypothèses alarmistes. ». Une appréciation qui confirme les analyses de Denis Blasko.
En 2012 les dépenses militaires des pays d’Asie ont été les suivantes. Elles sont à comparer avec le 700 Mds de $ des Etats-Unis : Chine 140 Mds de $, Inde 40 Mds $, Australie 24 Mds de $ ; Total des 10 pays de l’ASEAN : 24,5 Mds de $. Soit une moyenne de moins de 3 Mds de $ par pays. (Selon le SIPRI de Stockholm, ces dépenses pourraient atteindre 40 Mds de $ en 2016). S’il est vrai que la hausse des budgets est une réponse mimétique à l’augmentation constante des budgets militaires chinois et à l’accroissement du sentiment de vulnérabilité, sur fond de tensions en Mer de Chine, une partie des capitaux a aussi été consacrée à la remise à niveau d’équipements obsolètes. L’effort porte sur les radars côtiers, les missiles antiaériens et les équipements navals, y compris, pour les plus riches, sous marins et avions de combat, achetés à la Russie (Vietnam), à la Corée, ou aux Etats-Unis (Indonésie, Singapour).