Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chine - monde

Les habits neufs de la diplomatie chinoise

NOTES (2)

Voyage de Xi Jinping en Russie et en Afrique. Sommet des BRICS.

Est-ce un signal stratégique adressé à l’Occident ou l’effet du calendrier des BRICS dont le sommet annuel a lieu chaque année au début du printemps, ou encore le très fort appétit de la Chine pour les hydrocarbures, le fait est que le premier voyage du Président Xi Jinping hors de Chine a pour destination la Russie ; il se poursuit dans trois pays d’Afrique et se terminera à Durban, en Afrique du Sud, les 25 et 26 mars pour le sommet.

La présence du Président chinois en Russie le 22 mars accompagné de son épouse Peng Liyuan, chanteuse populaire de l’APL, a fait passer au 2e plan une réunion des Russes avec la Commission européenne. Ce qui n’a pas déplu au Président Putin, assez souvent agacé par les critiques de l’UE sur les droits de l’homme en Russie et les controverses entre Bruxelles et Moscou sur le prix du gaz.

L’arrivée de la délégation chinoise a été précédée par la signature d’un accord de 2 Mds de $ avec une compagnie chinoise pour exploiter le charbon de Sibérie, dans la droite ligne des intentions annoncées par Poutine qui sont, dit-il, de « capter le vent de la croissance chinoise ». Mais la réalité est contrastée. A une relation stratégique très active, essentiellement axée sur la volonté, rappelée par Xi Jinping dans un de ses discours, de faire pièce à l’interventionnisme de Washington (sur la question iranienne, en Syrie, à propos du dilemme nord-coréen ou des projets anti-missiles américains en Europe et en Asie du Nord-est), s’oppose un commerce entre les deux pays à la fois faible et déséquilibré (3 fois moins que Chine – Japon, et 4 fois moins que Chine – Etats-Unis) - en grande partie à sens unique, entre le 1er consommateur mondial d’énergie et le premier producteur -, reposant sur la vente à la Chine d’armements et des livraisons massives d’hydrocarbures.

Durant le voyage de Xi Jinping le déséquilibre s’est encore accentué, avec la signature, le 22 mars, d’une série d’accords sur l’énergie, dont l’un avec Rosneft, prévoit le doublement des livraisons de pétrole russe à la Chine à hauteur de 31 millions de tonnes par an et la cession au géant chinois CNPC d’une partie des parts champs pétroliers russes. Il n’est pas anodin de rappeler que la veille de l’accord sino-russe, Roseft est devenu le 1er producteur mondial de pétrole en rachetant TNK-BP qui lui-même fournit déjà, depuis 2009, 15 millions de tonnes de pétrole à la Chine chaque année. Ce qui, après le doublement annoncé des exportations russes, porterait à 46 millions de tonnes les livraisons annuelles du pétrole par le nouveau géant russe, soit près de 20% des importations totales de la Chine.

Quant au géant Gazprom, il a promis de finaliser avant la fin de l’année 2013 un contrat en suspens depuis plusieurs années, pour la livraison chaque année de 38 milliards de m3 de gaz à partir de 2018. Selon Alexei Miller, PDG de Gazprom, les livraisons pourraient atteindre 60 milliards de m3 par an, soit 2 fois la quantité importée par l’Allemagne, le plus gros client de la Russie. Une autre réalité intéressant la Chine au premier chef sont les investissements prévus par Rosneft, qui, sur ce projet, coopère avec l’Américain Exxon Mobil, pour développer les ressources du plateau arctique techniquement difficiles à exploiter.

Dans toute cette effervescence qui déborde vers l’Arctique, autour des hydrocarbures dont la Chine, désormais 1er importateur mondial, a de plus en plus besoin - entre 2000 et 2012 ses importations de pétrole ont augmenté de 400% - et approcheront les 300 millions tonnes en 2013 -, les atouts de Pékin résident essentiellement dans la masse de ses achats et dans ses capacités de financement des projets russes, dont les conglomérats sont en manque de « cash ».

Déjà la Banque de développement chinoise a accordé à Rosneft un prêt sur 25 ans de 2 Mds de $. Il reste maintenant à financer les projets gaziers de Gazprom dans l’Extrême Orient russe évalués à 50 Mds de $. Une réalité qui confèrera à Pékin une considérable marge de manœuvre pour les négociations sur les prix avec Moscou (Lire notre article Chine-Russie, inquiétudes autour d’un authentique partenariat stratégique).


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Au Pakistan, des Chinois à nouveau victimes des terroristes

Munich : Misère de l’Europe-puissance et stratégie sino-russe du chaos

Au Myanmar le pragmatisme de Pékin aux prises avec le chaos d’une guerre civile

Nouvelles routes de la soie. Fragilités et ajustements

Chine-UE. Misère de l’Europe puissance, rapports de forces et faux-semblants