›› Chronique
Une tendance au maquillage.
Ce n’est pas la première fois que la version officielle diverge radicalement des témoignages locaux indépendants. Sans compter que les explications autorisées peuvent elles-mêmes proposer des « variantes ».
En 2008, dans la région de Kashgar, quelques jours avant les JO, 16 policiers avaient été assassinés au cours d’une séance de jogging. A cette occasion Xinhua avait fourni deux explications nettement divergentes. Dans la version chinoise il s’agissait d’un crime de droit commun perpétré par 2 Ouïghours ayant précipité un camion piégé sur le groupe de policiers.
Mais dans sa variante anglaise, l’agence officielle attribuait l’affaire au terrorisme international et à la mouvance de l’ETIM (East Turkestan Independance Mouvement), que la Chine et Washington relient à Al Qaida, depuis que les forces spéciales américaines avaient débusqué une vingtaine de Ouïghours en Afghanistan.
Le lien était attesté par des recoupements sur le type d’explosif utilisé, « très similaire » à celui découvert dans un camp d’entraînement terroriste en janvier 2007, sur le plateau du Pamir, près de la frontière du Pakistan, au sud de Kashgar.
En septembre 2008, le New-York Times jetait cependant une ombre sur les deux versions autorisées en citant, photos à l’appui, les témoignages de 3 touristes ayant observé la scène depuis leur hôtel. Il n’y aurait eu aucune explosion. Mais seulement une confuse bataille devant une caserne de la Police Armée Populaire entre des policiers et des paramilitaires « brandissant des machettes », autour d’un camion encastré dans un poteau électrique.
L’incident n’aurait duré que quelques minutes. Après quoi le camion avait disparu, tandis que la rue avait été rapidement débarrassée des cadavres emmenés dans des housses blanches, au point que, « si ce n’était le poteau tordu par le choc du camion, on aurait pu croire qu’il ne s’était rien passé ».