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Taïwan enjeu stratégique de la rivalité sino-américaine et défi politique pour Pékin

Plus que jamais, Taïwan devient un enjeu de la rivalité stratégique entre Washington et Pékin. Il dépasse désormais la question de la réunification dans le Détroit, revendiquée sans nuances par le Continent.

Alors qu’au cours de ces vingt dernières années la mouvance portant une pensée de rupture avec la Chine a pour la deuxième fois été placée au pouvoir par le suffrage universel, les sondages signalent que, dans l’Île, l’opinion s’éloigne irrésistiblement de l’exigence de réunification.

En même temps, la Présidente Tsai Ing-wen aux convictions séparatistes a, tout en prônant prudemment le statuquo, par deux fois, prêté serment sous le portrait de Sun Yat-sen.

Par ces cérémonies, et en dépit de son parcours personnel de rupture avec le Continent, elle témoignait de l’attachement rituel du pouvoir taïwanais à la chute du système impérial ayant accompagné l’éphémère projet politique des « Trois principes du Peuple » pour une Nation Chinoise unie par la démocratie et la justice sociale.

Il n’en reste pas moins que la vague identitaire taïwanaise ne cesse de s’amplifier.

Depuis les balbutiements de la démocratie portés par Chiang Ching-kuo, peu avant son décès en janvier 1988 (lire Chiang Ching-kuo, le fils du Generalissimo), amplifiés par Lee Teng-hui, cette figure taïwanaise du KMT passée après ses mandats présidentiels à la dissidence portant un projet séparatiste, le mouvement vers la liberté sous l’œil autocrate du Continent n’a cessé de prendre de l’ampleur malgré les pressions militaires.

En 1995 et 1996, Pékin à la fois fébrile et ulcéré tira même autour de Taïwan deux séries de salves de missiles. Lire : Le « père de la démocratie taïwanaise » est mort.

La première pour riposter à la visite aux États-Unis du Président Lee Teng-hui (1995) ; la 2e (1996) pour dissuader les électeurs taïwanais de participer au premier scrutin présidentiel au suffrage universel direct.

*

Un quart de siècle plus tard, l’identité taïwanaise s’affirme avec encore plus de force. Elle se développe dans la jeunesse, en dépit de l’extrême dépendance du commerce de l’Île au Continent. Entre 2000 et 2020 les exportations vers la Chine ont en effet bondi de 43 à près de 160 Mds de $, représentant 43,9% des ventes de l’Île à l’étranger.

Alors que les relations avec le Continent se tendent, cette dépendance de l’Île au marché chinois est, avec la forte concentration industrielle autour de la production de microprocesseurs, le plus préoccupant talon d’Achille taïwanais.

Entre temps, Lee Teng-hui, premier président en exercice élu au suffrage universel direct et originaire de l’Île, membre du parti de Tchang Kai-chek avait, en 1995, dans le « Parc Mémorial de la Paix “228“ », six années avant d’être exclu du KMT [1], fait amende honorable et présenté ses excuses politiques aux familles des victimes du massacre du 22 février 1947.

Depuis, cette époque, chaque 28 février, un hommage officiel est rendu aux dizaines de milliers de martyrs de l’inflexible répression menée à l’arme lourde par les troupes de Tchang Kai-chek dans les rues des grands centres urbains de l’Île.

C’est peu dire que cette mémoire tragique reste encore aujourd’hui un inconscient douloureux pesant de manière néfaste sur l’audience dans l’Île du KMT, dont la ligne politique flotte depuis le début des années 2000, tandis que celle du DPP ne cesse d’augmenter, en dépit des menaces militaires chinoises.

Note(s) :

[1A l’automne 2001, le KMT expulsa Lee Tenghui alors âgé de 78 ans, après qu’il ait lui-même quitté le navire en se rapprochant du parti de la solidarité taïwanaise (TSU台聯) fondé en août 2001 dont il devint le premier président.

Depuis cette estrade politique, Lee accusa les héritiers de Tchang Kai-chek et notamment Lien Chan, le président du KMT, de trahir les Taïwanais en se « rapprochant des communistes » du Continent.

Lire nos articles : La visite en Chine de Lien Chan, président du “Kuomintang de Chine” et Retrouvailles des frères ennemis, symboles et arrières pensées


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