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Transparence, maquillages et mises en scène

Zheng He était en effet un homme d’envergure, mais il n’était ni un ambassadeur pacifique ni cette sorte d’explorateur éclairé au grand coeur que nous présente l’imagerie officielle, pour accréditer l’idée que la Chine a toujours été une « puissance douce ». Avec une force navale de plus 1500 vaisseaux, Zheng He fut en fait l’un des plus grands instruments de l’expansion de la puissance militaire, culturelle et commerciale chinoise vers le sud, à une époque où, sur terre, l’Empire annexait le Yunnan et étendait son influence au Vietnam comme en Birmanie. Sur mer, la supériorié de la marine chinoise parvint à mettre à la raison les pirates japonais qui disparurent presque totalement des côtes chinoises, tandis que les expéditions de Zheng He contribuèrent, avec d’autres, à asseoir l’influence de la Chine en Asie du Sud-Est. Si nécessaire, l’amiral eunuque installait des souverains inféodés à Pékin quand ceux en place se montraient rétifs, notamment en Indonésie et à Ceylan, où Zheng He infligea une défaite à l’armée royale.

C’était l’époque de la diplomatie du tribut qui contribua à mettre en place, évidemment par l’étalage ou l’usage de la force militaire, un vaste réseau d’allégeances politiques et commerciales, également articulées autour des premières bases de Chinois d’outre-mer en Asie du Sud-est. Ces derniers prirent peu à peu la place des commerçants indiens et arabes. Tout cela était bien normal pour l’époque, mais également bien éloigné de l’image angélique qui présente les 7 expéditions de Zheng He comme d’aimables tournées pacifiques, mi-culturelles, mi-commerciales. La question est loin d’être anodine à un moment où plusieurs pays du sud-est asiatique s’inquiètent de la persistance des allégeances troubles à la RPC de leurs nationaux d’origine chinoise.

Sur la question japonaise la télévision d’Etat met en scène à jets continus une histoire édifiante du PCC ayant vaincu les armées japonaise en Chine, ce qui permet d’affirmer que la République Populaire fut l’un des vainqueurs de la 2e guerre mondiale. Mais voilà, en 1945 Mao, qui n’avait pas encore triomphé sur la Grande Terre, passait plus de temps à protéger ses forces en vue des combats ultérieurs pour prendre le pouvoir qu’à affronter les Japonais. Les historiens chinois le savent bien eux qui, hormis les escarmouches conduites par Lin Piao, ont eu quelques difficultés à dénicher des épisodes militaires convaincants du rôle de l’APL dans la lutte anti-japonaise. Il est donc un peu insuffisant de n’attribuer la défaite du Japon qu’à l’Armée de Libération Populaire sans mentionner la contribution des militaires du Kuomintang qui, malgré la corruption et, il est vrai, d’abord à contre cœur, infligèrent les plus lourdes pertes à l’occupant. Surtout la propagande du PPC, se donnant le beau rôle, oublie que ce sont les Etats-Unis qui, dans le Pacifique, portèrent les coups les plus décisifs à la machine de guerre japonaise.

Les Américains ne sont cependant pas totalement absents de ce tableau auto-laudatif aux couleurs strictement chinoises, puisque les commérations n’oublièrent pas de mentionner l’histoire des « Flying Tigers », cette poignée de pilotes américains volontaires venus, comme une force d’appoint, se battre contre le Japon en Chine. Mais là le message subliminal renvoie à la fraternité d’armes avec les Etats-Unis, mise en scène pour instiller l’idée qu’au fond, les rivalités actuelles avec Washington sont d’ordre conjoncturel. Symétriquement l’histoire officielle, reprise par les discours du président Hu Jintao et du ministre de la Défense Cao Gang Chuan, a présenté les contributions des soldats de l’URSS engagés dans le Nord Est de la Chine pour épauler, également comme une force d’appoint, leurs camarades de l’APL dans leur lutte contre les armées japonaises.


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