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›› Politique intérieure

Xi Jinping et la longue route vers l’indépendance de la justice

BREVES - Suite -.

La face cachée des campagnes anti-corruption.

Le 17 novembre, lors de sa première intervention au Bureau Politique, suite à son intronisation comme Secrétaire Général, Xi Jinping décrivait la corruption comme une « vermine intérieure » qui menaçait à la fois le Parti et l’Etat. La parole a été suivie d’effets puisque, dans les premières semaines de son mandat, le nouveau SG a fait mettre à pied une douzaine de cadres locaux à un rythme jamais vu depuis 20 ans, dont certains disent à Pékin, relayés par le journal Epoch Times et le Hong Kong Economic Times, qu’il approche celui des campagnes de rectification des années 40, avant l’avènement de la République Populaire.

Le chef d’état-major de cette bataille est Wang Qishan, nouveau promu au Comité Permanent, dont certains mettent cependant en doute l’efficacité, expliquant que « ce pompier du premier feu » avait précisément été placé à ce poste pour protéger les prébendes, notamment celles des « Fils de Princes », dont Xi Jinping fait partie. Lire notre article Coup de projecteur sur le futur pouvoir central chinois. 1re Partie.

D’autres intellectuels, comme Hu Xingdou, de l’Institut de Technologie de Pékin, craignent que, comme ce fut souvent le cas par le passé, la « rectification » n’ait en réalité que des motivations politiques, qui cibleraient en priorité les tenants du clan Bo Xilai, dans une guerre interne qui ne pourra que déclencher des ripostes.

C’est ainsi que certains décryptent la récente mise sur la sellette de Li Chuncheng, n°2 du Parti au Sichuan, connu pour être un allié de Zhou Yongkang, dont les émules en colère auraient été à l’origine de la mise à jour, à titre de représailles, de la fortune de Madame Wen Jiabao dans le New-York Times. Pour beaucoup, la question est de savoir si Wang Qishan ira jusqu’à s’attaquer aux très hautes strates du régime, et, par exemple, à la famille de Wen Jiabao.

Sans compter que les accusations de conflits d’intérêt et de népotisme pèsent sur la quasi-totalité des membres de l’oligarchie, à commencer par le nouveau Secrétaire Général lui-même. Lire notre article Wen Yeye, le grand-père du peuple entre corruption et guerre des clans.

Fin des passes droits, ou mesures cosmétiques ?

Depuis la fin du Congrès, les repas plus ou moins fins, à grandes attablées de fonctionnaires du Parti, ponctués de « gan bei » à répétition, les longues files de voitures « Audi » de fonction, les calicots d’accueil à la gloire du Parti, les tapis rouges des grands hôtels de luxe, assortis ou non de gâteries dans les établissements de bains, sont interdits.

Xi Jinping donne lui-même l’exemple. Récemment, lors de son voyage inaugural à Canton, sur les pas de Deng Xiaoping à 30 années de distance, il portait lui-même son plateau repas, lors de la visite d’une unité militaire. Ses déplacements dans la métropole du sud n’ont pas donné lieu aux habituels blocages de la circulation, obligeant les usagers normaux à se ranger prudemment sur le bord des routes, poussés par les motards à la fois inquiets et agressifs, en attendant le passage en trombe des convois officiels sur fond de sirènes hurlantes.

Pour l’instant, le ton est donné. Le 12 décembre, la Cour Suprême annonçait un plan pour améliorer ses méthodes de travail, interdisant les réunions dans les hôtels de luxe et réduisant à la fois leur standing et leur nombre. A Shanghai, les fonctionnaires sont incités à prendre les transports en commun. Dans le Hunan les dîners et les échanges de cadeaux de luxe ont été interdits.

Ce n’est pas la première fois que le Parti lance une telle campagne destinée à changer son image gaspilleuse. Mais les abus n’ont jamais été complètement été éradiqués, sans compter qu’ils ne sont que l’écume des vagues qui ont gravement entamé la réputation de l’appareil, dont les cadres sont régulièrement épinglés par les internautes. Non seulement pour leur mode de vie trop flamboyant, les excès de leur progéniture, leurs voitures très haut de gamme, leurs appartements et accessoires vestimentaires de luxe, mais surtout pour les fautes de comportement de quelques grossiers parvenus dont, malgré la censure, la toile chinoise repasse les images en boucle.


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