›› Editorial
L’épée de Damoclès de Taïwan.
Dans la région, le dilemme de Taïwan, l’autre point chaud de la rivalité stratégique sino-américaine, en apparence moins brûlant depuis le rapprochement avec la Chine opéré par Ma Ying Jeou, président taïwanais, 3e héritier politique de Tchang Kai Chek, est en réalité bien plus effrayant.
Sur l’apaisement en cours pèse en effet l’épée de Damoclès d’une opposition radicale entre les systèmes politiques de part et d’autre du Détroit et du nationalisme identitaire taïwanais arc-bouté au refus définitif d’une réunification avec une Chine gouvernée par le pouvoir communiste.
A quoi s’ajoutent l’angoisse des stratégies obliques chinoises, appliquées à « finlandiser » l’Ile rebelle par le biais d’une irrésistible marée économique et commerciale. Alors que plane l’ombre d’un arsenal toujours renouvelé de missiles balistiques chinois, dont la lancinante menace est presqu’uniquement équilibrée par le Taïwan Relations Act, obligation de droit interne votée par le Congrès des Etats-Unis, qui oblige l’administration américaine à réagir en cas d’attaque « non provoquée » de l’Armée Populaire de Libération contre l’Ile.
Là aussi le décryptage par l’analyse des non dits, des intentions cachées et des solutions d’apaisement jouant sur la vertu réparatrice du temps et spéculant sur la sagesse, est possible.
Il s’oppose aux anticipations catastrophiques d’un conflit inéluctable ou d’une réunification rampante. Mais la marge de manœuvre du bon sens et de la modération est ici plus étroite, enfermée plus qu’ailleurs dans les limites étouffantes d’un nationalisme exacerbé que Pékin n’a cessé de cultiver au cours des dernières années, éveillant en retour la sensibilité identitaire des Taïwanais.