›› Editorial
Le poids des émotions et la force des postures.
Ce qui se développe sous nos yeux, dans cette région du monde dont la sécurité n’est pas stabilisée, où les passions prennent le pas sur la raison en dépit des échanges commerciaux en expansion, est le jeu classique des prémisses de conflits.
Comme souvent, quand pointent les risques de confrontation majeure, la région est le théâtre d’une lutte entre, d’une part l’affirmation d’identité et de puissance - celle de la Chine contre les Etats-Unis ; de Taïwan contre Pékin ; ou celle des pays limitrophes de la Mer de Chine contre les ambitions chinoises - et, d’autre part, la lucidité et la raison auxquelles les hommes subjugués par le bouillonnement des passions et enfermés dans les schémas de leurs postures d’affrontement, peinent à faire appel.
Dans ce contexte on voit bien que l’apaisement ne pourra surgir qu’au prix de concessions de toutes les parties concernées. Celles-ci seront d’autant plus difficiles, qu’à bien des égards, les questions touchent à l’image très passionnelle que les uns et les autres se font d’eux-mêmes et du rôle que l’histoire leur a attribué.
Le Parti Communiste Chinois se voit comme le rédempteur de la puissance chinoise bafouée il y a 150 ans et, s’agissant de Taïwan, comme le garant suprême de l’unité du pays. Quant aux Etats-Unis, ils savent bien que leur posture en Mer de Chine et à Taïwan renvoie à la crédibilité de la « Pax Americana » en Asie du Nord-est, qui tire sa légitimité historique de la victoire sur le Japon, mais aujourd’hui directement contestée par Pékin.