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Pékin ce n’est pas de la tarte

Chapitre II

Mes efforts furent néanmoins finalement couronnés de succès et l’église du Père David m’apparut subitement, au détour du chemin, comme dans un bon film de terreur, mystérieuse, enveloppée d’un halo de brume de chaleur qui semblait sortir comme par magie du sol. Elle avait été construite sur un petit terre-plein, sur une crête, au milieu des arbres et rien ne préparait à la voir surgir... Elle pointait dans la brume un clocher surmonté d’une croix délavée. Une sorte de cloître qui avait dû abriter les appartements des prêtres et des salles pour les fidèles, l’étayait sur toute sa longueur. Une croix basque, vestige d’une des précédentes équipées des habitants d’Espelette, ornait le lourd portail de bois, fermé par un énorme cadenas.

Des écharpes et des volutes de vapeur masquaient en partie les rosaces de bois qui s’ouvraient vers l’extérieur. A cette vision d’épouvante s’ajoutait un silence qui me déplut fortement et qui me mit instinctivement sur mes gardes...
Seules quelques poules s’agitaient, occupées à picorer des petits grains de céréale tandis qu’un coq libidineux les pourchassait lubriquement.

Je m’approchais donc de l’église, à pas de loup, en prenant soin d’éviter de révéler ma présence... Heureusement je ne suis pas cardiaque ! Un petit vieux, un long fume-cigarette en bambou à la bouche, la tête enrubannée d’un turban bleu et noir tirant sur le crasseux, surgissant de nulle part, courbé sous un étrange fagot de paille de maïs qui devait bien faire deux fois sa taille, traversa le sentier pour rejoindre une ferme vraisemblablement située en contrebas, me faisant sursauter de surprise et me laissant le souffle court et le cœur battant. Je me remis assez vite de cette brusque apparition qui finalement eut sur moi un effet presque rassurant : dans un petit coin aussi perdu où tout se sait naturellement, le pas tranquille de ce paysan me disait que je n’avais sûrement pas à craindre un guet-apens ou une trop mauvaise surprise. Les villageois se seraient terrés dans leur masure en cas de danger majeur ou de troubles potentiels... Quittant ma démarche de sioux, je m’approchai d’un pas plus alerte mais néanmoins prudent et entrepris de faire le tour de l’église.

Seul le grand porche du cloître, habituellement fermé, était ouvert, laissant apparaître le jardin et les galeries de bois sculpté. Une curieuse pluie de lumière perçait justement la brume au beau milieu du jardin, rendant le spectacle presque féerique. Je décidai néanmoins de casser l’ambiance et m’écriai d’une voix forte :

- Y a quelqu’un ? Il n’y eut même pas un écho pour me répondre.

Je m’engageai dans une des salles du rez-de-chaussée et parcourut les différentes pièces en enfilade... Toujours pas l’ombre d’un chien...


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