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Pékin ce n’est pas de la tarte

Chapitre II

J’atteignis la sacristie et débouchai dans l’église par l’entrée des artistes. Elle était quasiment vide. Seuls, quatre fidèles occupaient le banc du premier rang, pieusement agenouillés, la tête blottie entre leurs avant-bras, les mains jointes en prière. Les deux plus âgés portaient un costume de ville classique, le troisième était vêtu de rouge de la tête aux pieds : un complet rouge écarlate de la même toile que son bonnet tyrolien. Je ne connaissais qu’un seul type capable de s’attifer d’un tel accoutrement... Le dernier, lui, arborait un short en toile et un tee-shirt qui ne me semblait que trop familier, en tout cas identique à celui que portait l’un des joyeux lurons que je croyais avoir abandonnés dans la vallée...

Les quatre infidèles relevèrent ensemble la tête, le rire aux lèvres, contents d’eux et ravis de la surprise qui devait se peindre sur mon visage : Huang, que j’avais laissé un peu plus d’une heure auparavant, regardait sa montre, avec un air faussement grognon, en me faisant comprendre que j’avais mis un temps fou pour arriver jusque là.

Le général Faudrey, mon ancien officier traitant et donc mon précédent employeur, se redressa pour me serrer la main et Weng, un des grands pontes de la Sécurité publique chinoise, le patron du BCN () local, sortit de sa travée pour venir me donner une chaleureuse tape dans le dos et une accolade digne de vieilles retrouvailles...

Grodaeg, quant à lui, époussetait son costume carmin en rigolant dans sa barbe. Nous avions jadis appartenu au même service action et lui aussi s’était retrouvé muté place Beauvau. Nous partagions maintenant les mêmes parties de 421 sur le comptoir du bistrot du coin, mais il nous arrivait encore de travailler en commun sur la Chine, au grand plaisir de notre copain Weng, qui nous y attendait de pied ferme.

En attendant, je restai là comme deux ronds de flanc, à essayer de comprendre le pourquoi du comment de la chose... Je ne sais pas, moi... Essayez d’imaginer votre femme sur le lit de votre maîtresse quand vous entrez nu dans la chambre, en criant “Ginette !” ...Et que votre femme s’appelle Simone...

- Dis donc ! Ç’eût été une alerte, on avait le temps de crever trois fois avant que tu n’arrives ! Me lança Huang, sur un ton bourru.

- T’aurais mieux fait de me dire que tu te rendais au même rendez-vous que moi ! Ça nous aurait évité de prendre deux voitures ! Comment vont faire les autres pour rentrer ?

- Je les ai laissés pendant qu’ils visitaient la vieille ville de Shangli à quelques kilomètres de là et je leur ai renvoyé ta jeep. Si tu es sage je te ramènerai avec moi, sinon tu rentreras à pied. Tu as l’air d’aimer les exercices physiques !

- Ça ne pourra pas lui faire de mal ! Avec le bide qu’il a maintenant, il ne rattraperait même pas un cul-de-jatte en fuite ! Renchérit Grodaeg, en me pinçant à la hanche... Venant d’un paquet de saindoux capable de planquer deux flingues sous un de ses bourrelets, la remarque ne manquait pas de sel !

- Mes enfants, ne nous battons pas toute de suite, proposa le brave général, sur un ton conciliant. Nous avons d’autres chats à fouetter. Je propose que nous nous déplacions dans le jardin du cloître, histoire de prendre l’air et de ne pas perturber plus longtemps ce lieu sacré.

La proposition fut adoptée sans coup férir. Notre petit groupe retraversa la sacristie et s’installa dans le jardin, à l’ombre d’un Ginkgo Bi loba dont les feuilles délicatement échancrées nous offrirent un parasol digne d’un bouddha...


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