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Pékin ce n’est pas de la tarte

Chapitre II

Il intervenait dans un séminaire organisé par Ubifrance sur le thème des Transports en Chine, qui se tenait au Novotel, près de la rue piétonne de Wangfujin, dans le centre de Pékin. Il était à la tribune, en train de vanter les mérites de l’équipe de France des entreprises qui gagnent... Il paraît que c’est une lubie chez lui, tous ses discours parlent de l’équipe de France des entreprises qui gagnent, quand il a été frappé de plein fouet par la forêt noire qui l’a coupé dans sa harangue... Personne n’a songé à arrêter l’agresseur, vu que tout le monde était plié en deux, d’autant que Teuton est paraît-il resté paralysé pendant quelques secondes, avec des cerises qui lui roulaient sur les joues, avant de commencer à s’essuyer les yeux en pestant avec sa voix de fausset, en appelant quasiment sa mère à la rescousse...

D’après un des employés de l’hôtel qui l’a vu de près lorsque qu’il y est entré, l’entarteur était un occidental et semblait porter une perruque, en tout cas, il avait une longue chevelure blonde qui ne lui a pas paru très catholique. De plus, l’employé est formel, il avait des sourcils épais et noirs pas vraiment assortis à ses cheveux... En tout cas, l’agresseur connaissait bien l’endroit. Il est sorti, comme si de rien n’était, par la grande porte de l’établissement et s’est rué dans une Audi noire qui l’attendait sur le parking. Pour plus de sûreté, la porte d’accès à la salle de conférence a été bloquée par un de ses complices qui l’a condamnée aussitôt derrière lui, en bloquant les poignées avec un antivol à vélo, afin d’empêcher les gens qui auraient pu avoir des velléités d’intervenir de se lancer à sa poursuite. On ne sait donc pas grand-chose des entarteurs, sinon qu’ils étaient au moins trois, si l’on compte le chauffeur, et que leur coup était bien préparé et bien monté.

Je vous donnerai plus tard de plus amples détails et je répondrai ensuite à vos questions, continua Faudrey pour couper court à de nouvelles interruptions...

Le deuxième à avoir été visé, c’est Hamoile, le Ministre délégué du Commerce extérieur. C’était déjà plus sérieux et cela touchait directement aux affaires d’État. Il était de passage à Pékin le mois dernier. Lui s’est fait agresser alors qu’il quittait le China Club, à la fin d’un banquet, mais heureusement, l’attentat à la crème a pu être évité de justesse. Il avait pris place, avec Jacques Hobedeux, notre ambassadeur, dans une voiture officielle prêtée par nos amis chinois. Deux types en moto l’attendaient et ont profité de ce qu’il agitait la main à la portière pour saluer ses hôtes, pour s’approcher et tenter de lui jeter une pâtisserie au visage. Hélas pour eux, le chauffeur les a repérés. Il a tiré le ministre à l’intérieur de la voiture en enclenchant la protection automatique. La voiture était équipée de lourdes plaques en acier qui tombent automatiquement le long des vitres pare-balles en cas d’attaque, et qui viennent les renforcer tout en rendant invisible l’intérieur du véhicule. On a failli avoir un ministre manchot mais il s’en est sorti indemne...

Par contre, comme on ne s’attaque pas impunément à une délégation officielle, surtout lorsqu’elle est sur ces gardes -Weng esquissa un petit sourire- un des membres du service de sécurité, croyant à un attentat, a dégainé et fait feu à deux reprises. Une des balles, au moins, a touché le passager de la moto, à l’épaule semble-t-il -on a trouvé des traces de sang, sur le sol- mais il a réussi à s’accrocher à son compagnon et ils ont pu prendre la fuite... On ne sait rien d’eux. Ils portaient un casque et une combinaison de moto. C’est d’ailleurs bien ça qui a intrigué le chauffeur de la limousine, parce qu’avec cette chaleur, ils devaient crever de chaud, nous a-t-il dit... un avis de recherche est lancé et tous les hôpitaux de la capitale sont en alerte. Mais avec le peu d’indices disponibles - on ne connaît même pas leur nationalité - et compte tenu du fait que personne ne s’est pour l’instant présenté aux urgences avec ce type de blessure, là encore, c’est le mystère le plus complet...

Le dernier à s’en être pris une, c’est Isaac Dupalet d’Estée, un ancien ambassadeur en préretraite qui traîne encore dans le culturel, au Quai d’Orsay. Il s’est fait copieusement entarté et en est quitte pour une peur bleue et une bonne facture de teinturier... Il n’est pas facile à interroger : il nous prend de haut et coupe court à toutes nos questions en répétant qu’il n’a rien vu venir... Je pense aussi qu’il ne souhaite pas trop que cette affaire s’ébruite. Il est vrai que ce n’est pas très glorieux de se faire entarter, mais je crois surtout qu’il veut rester discret... Il sortait ce soir-là avec une petite de 18 ans qui en paraissait bien 17...


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