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4e trimestre 2012. Xi Jinping et Li Keqiang à la manœuvre

CONTROLE MACRO ECONOMIQUE

L’année 2012 s’est achevée avec une reprise sensible des exportations - + 14% par rapport à décembre 2011 -, une production industrielle et des ventes de détail en hausse, de solides investissements dans le secteur immobilier et l’infrastructure, une vigoureuse relance du secteur sidérurgique et un chiffre de croissance annuelle de 7,8%, qui reste cependant la plus faible performance en 13 ans.

Dans ce contexte, la nouvelle direction du Régime, qui craint toujours le gonflement de la bulle immobilière et une reprise de l’inflation, se méfie des politiques de relance financière à manier avec prudence, génératrices d’inflation. Il privilégie la « stabilité et la continuité », assorties de préoccupations sociales appuyées par une politique de relance du secteur privé. C’est ce qui ressort de la Conférence économique centrale de novembre.

Selon les termes du communiqué final, repris par l’Ambassade de France en Chine, l’accent sera mis sur le contrôle de la masse monétaire et des marchés immobiliers, la baisse des impôts pour soutenir les PME et les services, à quoi s’ajoutent l’augmentation du financement social et le rappel de la nécessité de poursuivre le rééquilibrage de l’économie vers un schéma plus qualitatif que quantitatif.

Cette exigence répond, entre autres, aux défis de l’urbanisation galopante, nouvelle opportunité de croissance qui appelle aussi à une remise en cause fondamentale de la structure de développement du pays, où – les experts chinois et étrangers le répètent depuis plusieurs années – la consommation intérieure doit prendre le relais de l’export.

Dans la livraison de janvier 2013 de « China Leadership Monitor », Barry Naughton signale l’esprit de réforme véhiculé par le nouveau couple au pouvoir, Xi Jinping et Li Keqiang – ce dernier prendra ses fonctions de Premier ministre en mars prochain -.

Il fait remarquer une rupture avec la geste maoïste, dont Hu Jintao ne s’était en revanche pas détaché lors de son accession au pouvoir il y a 10 ans. En revenant à Shenzhen, Zhuhai et Canton, sur les traces de Deng Xiaoping, 20 ans après, « Xi Jinping a marqué la fin de 10 années de stagnation des réformes », ajoute B. Naughton ; ajoutant que le nouveau Secrétaire Général s’inscrit aussi dans l’héritage pragmatique et concret du « petit timonier » en insistant sur l’importance de parler vrai, qui sonne comme un attaque contre la précédente direction du régime : « les paroles creuses mettent le pays en danger, seul le travail concret conduira au renouveau – 空 谈 误 国, 实 干 兴 邦 - ».

Mais c’est à l’évidence Li Keqiang, spécialiste reconnu de l’économie que reviendra la responsabilité de promouvoir les réformes, non seulement économiques, mais également de société, ce qui laisse aussi entrevoir des initiatives dans le domaine politique.

Lors d’une réunion à Pékin des 11 responsables des « zones pilotes pour une réforme globale », le 21 novembre, Li Keqiang a d’abord clairement posé le problème par un constat qui, lui aussi, paraissait un attaque contre son prédécesseur Wen Jiabao : « la réforme est comme un bateau navigant contre le courant ; s’il n’avance pas, il recule », ajoutant que ses intentions étaient de libérer à la fois la société et le marché : « nous réussirons notre mutation si nous laissons non seulement au marché, mais également à la société, les rôles qu’ils doivent jouer », une formulation d’autant plus forte que le régime est précisément toujours tenté par le contrôle étroit de la société, prôné au sein du Bureau Politique par Liu Yunshan, et Zhang Dejiang, mais critiqué par nombre d’experts chinois. Lire notre article L’obsession de stabilité sociale, principal obstacle au développement d’une société civile dynamique et responsable.

Enfin, comme pour tempérer son appréciation plutôt optimiste sur la capacité de la nouvelle direction à mettre en oeuvre de vraies réformes de fond, Barry Naughton révèle une péripétie du voyage du nouveau Secrétaire Général à Canton dont la presse a très peu rendu compte. Pour Xi Jinping, la région de Canton n’a pas qu’une signification politique. Elle est aussi la province où son père, Xi Zhongxun, qui fut un des théoriciens des Zones Economiques Spéciales, s’était retiré après s’être opposé à Deng Xiaoping, à qui il reprochait d’avoir limogé le réformateur Hu Yaobang, qui fut également le mentor de Wen Jiabao (Lire notre article 再回兴义忆耀邦 (Zai Hui Xingyi Yi Yaobang)).

Mais la presse officielle a occulté la visite de Xi Jinping à sa mère qui réside toujours à Shenzhen. A l’évidence, commente B. Naughton, à propos des réformes, « le nouveau Secrétaire Général préfère communiquer autour de l’image de Deng Xiaoping plutôt qu’en rappelant les prises de position de son père, bien plus libérales que celles de Deng ».


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